Site officiel de la communauté khassonke pour la promotion de la culture et de la langue Khassonke (c) 2005 à 2014
CHARLES MONTEIL – ORIGINE ET HISTOIRE DU KHASSO
Selon
Charles
Monteil
(1871–1949)
-
Commandant
et
enquêteur
historique,
ethnographique
et
linguistique
au
soudan
français
dans
son
ouvrage "
Les Khassonké: monographie d'une peuplade du Soudan français
Paris E. Leroux, 1915".
Pour nous permettre l’intelligence de ce qui va suivre, il nous paraît bon de donner, comme suit, un résumé de ce qu’il faut entendre par Khasso.
Si, en effet, le Khasso est actuellement une région administrative et territoriale bien définie, il n’en a pas toujours été ainsi.
Les
traditions
établissent
qu’a
l’origine
le
Khasso
fut
une
région
de
peu
d’étendue,
sur
la
rive
droite
du
Sénégal,
aux
environs
de
Bafoulabé
;
Les
peuls,
qui
nomadisaient
là,
furent,
à
cause
de
cette
dénomination,
appelés
les
«
gens
du
Khasso
»
;
lorsque
ces
Peuls
eurent
formé
avec
certaines
familles
indigènes
une
sorte
de
clan
indépendant
des
chefs
locaux,
le
nom
de
Khasso
s’appliqua
également
à
ce
clan
;
ce
clan
–
tout
au
moins
la
famille
de
ses
chefs
–
ne
cessa
de
se
déplacer
:
d’abord
dans
la
direction
du
Nord-Ouest,
vers
Kounyakari,
à
la
recherche
de
nouveaux
pâturages
;
Ensuite,
par
le
fait
des
guerres,
qui
rejetèrent
sur
la
rive
gauche
du
Sénégal
vers
Médine
:
Le
nom
de
Khasso,
suivant
la
fortune
du
clan,
s’appliqua
ainsi tour à tour à des territoires divers.
Territorialement
parlant,
le
Khasso
c’est
donc,
si
l’on
veut,
la
contrée
sur
laquelle
le
clan
du
même
nom
a
exercé
son
influence
;
cette
contrée
comprend, à la fois, des cantons situés sur la rive droite du Sénégal et des cantons situés sur la rive gauche du même fleuve.
Parmi
les
premiers,
les
Khassonké
citent
:
le
Tomora,
chef-lieu
Tambatinti
(
ancien
village
situé
entre
Tomora
Touba
et
Tomora
Khoumakary
),
et
dont
les
chefs
sont
pris
dans
une
famille
de
Soussokho
(Sissoko);
le
Sanakéné
actuel
Kontéla,
chef-lieu
Sabousiré,
avec
pour
chef
Khanoute
(Kanouté);
le
Fansané,
chef-lieu
Lakhamané
(actuellement
Sorya),
commandé
par
un
Dyallo
(Diallo);
le
Karaga,
chef-lieu
Dyonkhola,
le
Gankontiri,
Kolinguemou
et
une
agglomération
de
Limbila,
chacun
commande
par
un
Dyakité
(Diakité),
le
Diombokho,
chef-lieu
Kounyakari,
le
Séro,
chef-lieu
Séro
le
Dyadyéya, chef-lieu Kanamakhounou, le Gopéla, chef-lieu Khoulou sont chacun sous l’autorité d’un Dyallo.
Sur
la
rive
gauche
du
fleuve
se
trouvent
la
Dembaya,
chef-lieu
Médine,
sous
le
commandement
d’un
Dyallo
;
le
Logo,
chef-lieu
Sabousiré
(acuellement
Kakhoulou),
avec
pour
chef
un
Soussokho
(Sissoko);
Dinguiray
,
Makadenyé
et
Bafoulabé
comptent
d’importantes
fractions
de
Khassonké commandées par des Dyallo quant au Niatiaga chef-lieu Mansonna c’est un fief des Dyakité.
Ces
divers
territoires
n’ont
pas
été
et
ne
sont
pas
actuellement
occupés
exclusivement
par
des
Khassonké
:
depuis
les
temps
les
plus
recules,
ils
sont
la
propriété
d’autochtone,
parmi
lesquels
les
GADYO,
qui
habitent
et
habitent
encore
les
deux
rives
du
Sénégal.
Les
malinké
avaient
repoussé
ces
autochtones
vers
le
Nord-Est
et
les
avaient
également
chassés
du
Logo,
avant
que
le
clan
du
Khasso
fut
formé.
Ce
clan,
composé
originairement
de
Peuls,
de
Malinké
et
de
leurs
métis,
emprunta,
par
la
suite,
beaucoup
aux
Soninké
quand
il
s’avança
vers
le
Nord-Est;
dans
la
région
septentrionale
de
Kunyakari,
il
contracta
des
alliances
matrimoniales
avec
les
Maures;
à
Médine
il
subit
longtemps
l’influence
des
traitant
Wolofs;
enfin,
à
diverses
époques
et
sous
diverses
formes,
supporta
le
joug
prolongés
des
païns
Bambara
et
,
plus
encore
,
celui
de
Foutanké
musulmans
;
en
tous
temps,
des
attaches
politiques
et
matrimoniales
le
lièrent
au
Bondou
musulman.
Les
gens
du
Khasso
se
dénomment
eux-mêmes
Khassogolou.
Les
Soninké
les
appellent Khassokho ; les Malinké, khassongallou ou Hassongalou . D’accord avec la plupart des auteurs européens nous dirons : les Khassonké.
Origine de Diallo du khasso (1)
(1)
Nous
avons
recueilli
les
traditions
historiques
auprès
des
personnes
qualifiées
pour
les
connaître
le
mieux,
notamment
:
Sadyo
Sambala
fils
de
Dyouka
Sambala,
ex-chef
de
Médine
et
chef
actuel
du
Khasso
;
Bakari,
fils
de
Makhassé
Sambala,
interprète
du
gouvernement
;
Aboula
Mamadou,
Gran
et
Sambala,
ce
dernier
interprète
du
gouvernement,
tous
trois
appartenant
à
la
famille
de
Dyogou-Sambala
;
le
Dyalo
(griot)
M-Boué
Kouaté,
familier de Demba Yamadou, chef du Khasso.
Au
cours
d’un
séjour
de
deux
ans
à
Médine,
nous
avons
contrôlé
auprès
de
nombreuses
indigènes
les
renseignements
recueillis
que
nous
avons,
en
outre,
rapprochés
de
ceux
donnés
par
divers
auteurs.
En
particulier,
l’ouvrage
du
commandant
Rémy
:
la
Sénégambie,
contient
sur
le
Khasso
une
notice,
à
peu
près
exclusivement
historique,
qui
nous
a
été
très
utile,
en
raison
des
détails
abondant
et
précis
qu’elle
donne
et
que
les
nôtres
corroborent le plus souvent, alors, cependant, que cet ouvrage ne nous a été connu que plusieurs années après notre départ de Médine.
D’après leurs traditions les peuls Diallo du Khasso on pour ancêtre un certain DIADIE DIALLO.
Il
était,
disent
ces
traditions,
dans
le
Bakhounou,
à
Dyabel
Gandéga,
un
peuhl
nommé
Diadié
Diallo
qui
n’avait
pas
d’enfant.
Le
devin,
qu’il
consulta,
lui
prédit
que
sa
femme
concevrait
le
jour
où,
au
seuil
de
sa
demeure,
il
immolerait
un
certain
taureau
qu’il
lui
désigna.
Aussi,
Dyadyé
veillait
avec
soin
sur
ce
taureau;
ses
parents,
au
contraire,
n’attendaient
qu’une
occasion
pour
le
faire
disparaître,
afin
d’empêcher
l’accomplissement
de
la
prédiction.
Lors
des
fêtes
de
la
circoncision,
les
jeunes
neveux
de
Dyadyé
pénétrèrent
dans
le
parc
au
bétail
pour
faire
choix
des
animaux
à
abattre.
Dyadyé
leur
fit
recommandation
expresse
de
ne
point
toucher
à
son
taureau
;
mais,
soit
pour
jouer
un
mauvais
tour
à
leur
oncle,
soit
pour
mettre
à
exécution
les
projets
de
leur
père,
les
jeunes
gens
égorgèrent
le
taureau,
à
l’insu
de
Dyadyé.
Informé,
celui-ci
dissimula
sa
colère
puis,
la
nuit
venue,
il
mit
le
feu
à
la
case
des
circoncis
:
tous
périrent,
tandis
que,
fuyant
la
vengeance
de
ses
proches,
Dyadyé
quittait
furtivement
le
pays
poussant
devant
lui
deux
taureaux.
Il
erra
longtemps.
Un
jour
qu’il
s’était
endormi
au
creux
d’un
Baobab(1)
pendant
que
ses
taureaux
paissaient,
des
chasseurs
malinké(2)
l’aperçurent.
Stupéfaits,
à
la
vue
de
cet
homme
si
différent
d’eux-mêmes,
ils
revinrent
en
hâte
auprès
de
leur
chef,
nommé
KANTI
FARI
MODI
BORAMA
SOUSSOKHO(3),
résidait
à
Sabousiré(4)
(Tomora);
ce
chef
envoya
une
trentaine
d’hommes
qui,
guidés
par
les
chasseurs,
s’emparèrent
de
l’étranger
et le lui amenèrent.
(1)
D’où
le
nom
de
Bambérangola,
dérivé,
nous
a-t-on
affirmé,
du
mot
Bamba=
baobab
et
qui
doit
se
traduire
«
les
gens
de
celui
du
baobab
».
J’estime
qu’il
faut
placer
à
la
fin
du
seizième
siècle
l’existence
de
ce
Dyadyé,
en
tenant
compte
de
ce
que
Séga
Doua
vivait
au
temps
de
Brue.
C’est
approximativement l’époque indiquée par le commandant Rémy : « la tradition rapporte que vers 1600… »
D’après
M.Delafosse
(t.1,
p.289
)
le
peuple
Khassonké
aurait
pris
naissance
«
vers
la
fin
du
onzième
siècle
par
suite
du
mélange
de
certaines
fractions
peules
avec
des
autochtones
du
Haut
Sénégal.
Ces
autochtones
étaient
vraisemblablement
des
Kagoro
sur
la
rive
Nord
du
fleuve,
des
Malinkés
sur
la
rive
sud;
les
Soninké
du
Guidimakha
et
du
Galam
durent
aussi
fournir
un
élément
appréciable
ainsi
que
plus
tard
les
Maures
du
Sahel
».
(2)
Les
Malinkés
n’étaient
point
les
autochtones
de
la
région,
il
n’étaient
venus
là
un
siècle
ou
deux
auparavant.
«
Conduits
par
un
certains
Moussa
Makhan
Sousoko,
ils
avaient
envahi
le
Logo
et,
aidés
par
les
Kouroumeya,
en
avait
expulsé
les
Gourgoulou,
indigènes
de
petite
taille
analogue
aux
pêcheurs du Niger. » (Rémy)
Il convient de signaler qu’il y a des pêcheurs du Niger nommés Kouroumey, vers Say, et que chez les Soninké il existe des Kourgoumési.
(3) Le plus souvent, l’on entend dire simplement Kanti Fari ; d’autres fois Farimaké Amadi-Boraba, ce qui signifie : le chef Amadi-le-Barbu.
(4)
Les
villages
de
ce
nom
sont
nombreux.
Sabousiré
serait,
m’a-t-on
dit,
le
nom
donné
à
la
résidence
que
l’on
adopte
définitivement
après
avoir
plusieurs fois tentées de s’établir ailleurs sans succès.
Kanti
Fari
fut,
lui
aussi,
très
étonné,
car
c’était
la
première
fois
qu’il
voyait
un
Peul.
Il
demanda
à
Dyadyé
ce
qu’il
savait
faire
et,
comme
Dyadyé
lui
répondait
qu’il
se
livrait
exclusivement
à
l’élevage
du
bétail,
Kanti
Fari
lui
confia
le
soin
de
ses
troupeaux.
A
titre
de
rémunération,
Dyadé
reçus
chaque
année
alternativement
une
génisse
ou
un
veau.
Il
reprit
sa
vie
pastorale
dans
une
quasi-indépendance
;
jouissant
même,
de
la
part
des
indigènes,
de
la
considération
due
à
sa
situation
de
berger
du
chef.
Mais
il
subissait
d’autre
part
les
inconvénients
attachés
à
sa
qualité
d’étranger
:
il
parcourait
librement
le
pays,
en
quête
des
meilleurs
pâturages,
sans
que
nul
voulût
s’associer
à
sa
vie
;
il
demanda
une
compagne
à
Kanti
Fari,
mais
celui-ci
ne
voulut
point
donner
une
de
ses
sujettes
à
cet
étranger.
Enfin,
à
la
suite
d’une
razzia
vers
le
Niocolo,
les
gens
de
Kanti
Fari
ramenèrent
une
femme
musulmane
originaire
de
Dyakha-sur-Bafing
et
qui
pour
cela
fut
surnommée
Dyakhanké
(1):
comme
Kanti
Fari
et
ses
gens
étaient
païens,
ils
ne se firent point scrupule de donner à Dyadyé cette femme convertie à la religion qu’ils détestaient, elle se nommait Sira Khoullé Tima
De cette union naquirent(2) les descendants de Dyadyé se trouvent actuellement aux environs de Nioro et surtout vers Lakhamané.
Suivant
une
autre
version,
Kanti
Fari
ayant
refusé
de
donner
une
femme
à
Dyadyé,
celui-ci
aurait
racheté,
moyennant
une
tête
de
bétail,
une
captive
du
village de Makhanyan.
Selon Rémy, Dyadyé épousa une captive peule qui se trouvait chez le chef malinké dont il était le berger.
D’après
M.Delafosse,
les
traditions
qui
ont
cours
à
Kayes
disent
que
les
ancêtres
Khassonkés
«
aurait
été
un
berger
peul
nommée
Amadou
Haoua
et
une femme bamana appartenant à à une famille dont Amadou Haoua gardait les troupeaux ».
(2) Selon la tradition recueillie par Soleillet, de ce mariages seraient nés sept enfants : trois garçons et quatre filles.
Quant à lui, Dyadyé, il se rattaché à certain Oubiliassi par Amadou, Ilo, Dyadyé, Sadiga, Sannyéré, Bodeoul, Dété et Wodyé.
Cet
Oubobiliassi(1)
était
un
caïd
du
temps
de
Mahomet
:
comme
tous
les
caïds,
il
devait
chaque
année
fournir
au
Prophète
un
certain
tantième
de
ces
troupeaux
;
une
année,
il
dissimula
une
partie
de
ses
richesses
;
Mahomet
s’en
étant
aperçu
le
chassa
en
lui
disant
:
«
Va,
ta
race
sera
maudite,
tes
descendants
seront
des
vagabonds.
»
En
dernier
lieu,
Oubobiliassi
campa
à
l’Est
de
Tombouctou
;
là,
il
apprit
la
mort
du
Prophète
et,
cédant
à
la
nostalgie,
il
abandonna,
sans
esprit
de
retour,
la
famille
qu’il
s’était
créée
en
épousant
des
femmes
indigènes.
Comme
son
nom
était
inconnu,
on
appela
ses quatre fils chacun par le nom de sa mère ; ce furent les ancêtres des Dyallo, Dyakhité , Sidibé, Sangaré(2).
Quant
à
Ilo(3),
auquel
Dyadyé
se
rattache
comme
nous
venons
de
le
dire,
certains
de
ses
descendants
ont
formé
la
tribu
peule
des
Irlabé
et
certaines
autres la tribu maure des Ladoum.
(1) Altération dialectale du nom Okba ben Yassiri donné par les lettrés indigènes à l’ancêtre des Peuls.
(2)
Les
traditions
indigènes
relatives
à
l’origine
des
Peuls
varient
dans
les
détails,
mais
toutes
ont
ce
fond
commun
que
les
Peuls
sont
des
métis
issus
les
femmes
indigènes
unies
aux
guerriers
qui,
dans
les
premiers
temps
d’islamisme
vinrent
jusqu’au
frontières
du
Soudan
pour
répandre
la
religion
musulmane
par
la
force.
Certains
passages
d’El
Bekri
donnent
quelque
crédit
à
cette
opinion.
Nous
avons
publié
sur
ce
sujet
une
note,
parue
dans
la
Revue
africaine
de
1911,
avec
à
l’appui
le
texte
arabe
de
la
tradition
et
sa
traduction.
Dans
la
Revue
du
Monde
Musulman,
M.Delafosse
a
examiné
divers
texte
analogue
sur
le
même
sujet
et
pense
que
s’agit
là
de
la
traditions
préislamiques,
qui
font
remonter
l’origine
de
cette
population
africaine
à
des migrations sémitiques parties de la Mésopotamie, de la Syrie et de la Palestine.
Cet Ilo paraît être celui-là même qui a laissé dans tout l’Ouest africain la renommée d’un monarque très puissant.
La
tradition
des
Khassonké
a
la
même
origine
les
almami
du
Fouta
Djallon
par
un
certain
Amadi
Tabara,
frère
d’Ilo.
La
tradition
des
Peuls
du
Fouta
Djallo
ne
corrobore
absolument
cette
version
tout
en
faisant
remonter
jusqu’à
Ilo
le
mouvement
initial
d’immigration
peule
dans
cette
région.
Dépêche
colonial illustré du 31 août 1907.
Enfin,
il
est
acquis
que
les
relations
d’Ilo
et
de
ses
gens
avec
les
Maures
Oulad
M.barek
leurs
voisins
ont
déterminé
la
formation
de
tribus
de
métis
connus sous le nom de Ladoum. (Cf. SARRAZIN, les Races humaines au Soudan français).
CHAPITRE II
Les Dyallo chefs du Khasso
Vingt
années
durant,
Dyadyé(1)
demeura
seul
de
sa
race
le
Tomora
;
au
bout
de
ce
temps,
un
de
ces
parents
nommée
Maré-m-Fa
Samba
Dyallo
vint
le
rejoindre.
Après
avoir
tenté
vainement
de
ramener
Dyadyé
dans
le
Bakhounou,
Maré-m-Fa(2)
décida
de
rester,
lui
aussi,
dans
le
Tomora.
Dyadyé
le
traita
avec
beaucoup
d’affection,
mais
les
Malinké,
le
considérant
comme
étranger,
refusèrent
de
lui
donné
une
femme.
Alors
Dyadyé
lui
dit
un
jour
:
«
Comme les Noirs ne consentiront jamais à te donner une de leurs femmes, choisis celle de mes filles qui te plaira, je te la donne .» Maré-m-Fa refusa.
(1) Sa résidence ordinaire était à Gakou.
L’on
rapporte
que,
comme
les
Peuls
du
Bakhounou,
Dyadyé
portait
d’habitude
les
cheveux
arrangés
en
tresses,
mais
lorsqu’il
fut
appréhendé
par
les
gens de Kanti Fari sa coiffure s’était défaite et on le nomma, pour cette raison, Koun’-dabali, c’est à dire « tête non coiffés ».
(2)
Ce
genre
d’abréviation
est
fréquent
et
ne
laisse
pas
que
d’obscurcir
beaucoup
les
récits
indigènes.
Cet
ainsi
que
l’on
dit
couramment
Ahmadou
Cheikou,
sans
spécifier
de
quel
Cheikh,
Ahmadou
est
le
fils,
en
sorte
que
l’expression
peut,
par
exemple,
désigner
tout
aussi
bien
Ahmadou
fils
d’Omar, qu’Ahmadou fils dAhmadou, seul le sens du discours dissipe le doute.
A
quelque
temps
de
là,
Dyadyé
envoya
Maré-m-Fa
à
la
recherche
de
nouveaux
pâturages
en
lui
adjoignant
ses
deux
filles
;
au
retour,
Altiné
était
enceinte des œuvres de Maré-m-Fa. Le fils qui naquit fut appelé Makhandyan et, plus tard, surnommé bata le grand.
Mankhandya-m-bata (1)
Fut
le
premier
de
sa
race
qui
put
épouser
une
femme
malinké
;
il
en
eu
trois
fils
:
Dia-oulé,
ancêtre
des
Dialangolou
(2)
Kholon,
ancêtre
des
Kholounyangolou ; Sandikikhoy, ancêtre des Yankolou.
Sandiki –khoy
Eut
également
trois
fils
d’une
même
femme
nommée
Awa,
ce
furent
Amadou
Awa,
Séga
Awa,
Birama
Awa.
Vers
cette
époque,
des
Peuls,
venus
du
Bakhounou
et
du
Fouta
Djallon,
commençaient
à
grossir
le
nombre
de
ceux
qui
vivaient
déjà
dans
le
Tomora,
attirés
sans
doute
par
les
pâturages
nécessaires
à
la
subsistance
de
leurs
troupeaux,
non
moins
que
par
la
présence
des
gens
de
leur
race.
Ils
formaient
une
manière
de
clan
sous
la
direction des descendants de Maré-m-Fa, qui leur servaient d’intermédiaires auprès des autorités locales.
La
tradition
cite
parmi
eux
:
les
Dyatoli,
dont
les
descendants
sont
actuellement
vers
Bafoulabé,
Séroumé
et
Séro
;
Samba
Bényé
dont
les
descendants
sont à Sawarané ( cercle de Bafoulabé ) et à Séro ; les frères Ali et Salia Kamané :
(1)
Désormais,
le
récit
ne
parle
plus
de
Dyadyé
Koun-dabali
:
entre
ses
descendants
et
ceux
de
Maré-m-Fa
une
séparation
a
dû
se
produire
et
le
temps
n’a fait que l’accentuer. En tout cas, le rôle effacé des premiers Bambérangolou justifie le silence que l’on observe à leur égard.
(2)
Quant
à
Awa
Demba
et
ses
gens
furent
contraintes
de
fuir
(voir
plus
loin
),
les
Dialangolou
vinrent
s’établir
à
Dyakhalé,
auquel
les
Khassonkés
donnèrent dès lors le nom de Diala.
Partis
du
Bakhounou
avec
999(1)
cavalliers,
ils
s’installèrent
d’abord
à
Dyataya,
entre
Médina-Kouta
et
Dyabanyangué,
puis
vinrent
se
joindre
aux
clients
de
la
famille
de
Maré-m-Fa
.
D’autre
part,
un
fort
nombreux
contingent
était
venu
du
Fouta
Djallon
sous
la
conduite
d’un
certain
Amadou
Dyallo.
Tous
ces
réfugiés
formèrent
peu
à
peu
une
partie,
avec
lequel
les
chefs
locaux
durent
compter.
Il
y
eut
de
temps
à
autre
des
velléités
de
révolte
qui,
mal
réprimées
accentuèrent
encore,
pour
les
réfugiés,
la
nécessité
de
recourir
aux
seuls
susceptibles
de
servir
d’intermédiaires
:
les
Dyallo,
descendants
de
Maré-m-Fa(2)
Amadou Awa
A
une
époque,
les
descendants
de
Maré-m-Fa,
cantonnés
vers
Fatola,
avaient
à
leur
tête
Amadou
Awa(3)
qui
résidait
à
Bambéla(1)
sur
la
route
de
Kounyakari
à
Bafoulabé
(situé
actuellement
entre
Bafoulabé
et
Kholinguémou).
Leur
situation
était
difficile,
car
ils
étaientt
en
révolte
ouverte
contre
les
Malinkés
et
avaient
déjà
essuyé
plusieurs
revers
;
alors
passa
dans
le
pays
un
marabout
de
race
peule
accompagné
de
ses
élèves
:
c’était
Malik
Si(2),
originaire
de
Souyna,
village
du
Fouta
sénégalais.
Consulté
sur
l’avenir,
par
les
clients
D’amadou
Awa,
Malik
Si,
après
mûres
réflexions
et
pratiques
divinatoires,
déclara
que,
moyennant
l’usage
convenable
d’un
talisman
qu’il
préparerait
lui-même,
la
victoire
appartiendrait
aux
gens
d’Amadou
Awa(3).
Ce
talisman,
consistant
en
un
écrit
mystérieux,
caché
aux
yeux
de
tous
par
une
enveloppe
de
toile,
devait
être
attachés
à
l’extrémité
de la première flèche qu’Amadou Awa lui-même lancerait. Amadou Awa serait tué dans le combat, mais son sacrifice assurerait le triomphe des siens.
(1)
Il
est
probable
que
ce
nombre
composé
de
trois
9
est
donné,
comme
il
arrive
souvent
dans
les
traditions
indigènes
pour
la
force
magique
parce
qu’il
recèle
et
non
pas
comme
expressions
de
la
réalité,
il
se
trouvait
d’ailleurs
démentis,
en
quelque
manière,
par
la
suite
du
récit
puisque
le
parti
Khassonké ne comptait à la bataille décisive de Toumbi-Fara que 300 guerriers.
(2)
Il
est
de
principe
chez
les
indigènes
que
l’étranger
soit
hébergé
par
l’hôte
que
lui
désignent
les
autorités
locales
;
s’il
prend
de
lui-même
l’hospitalité,
hôte
qu’il
se
choisit
doit
se
faire
agréer
à
ce
titre
par
les
autorités
locales
:
Dans
les
deux
cas,
l’hôte
est,
à
tous
égard,
le
représentant
et,
en
quelques
sortes,
le
répondant
de
l’étranger.
Ainsi
en
était-il
de
ces
Peuls
nouveaux
venus,
ils
n’étaient
indépendants
qu’en
apparence
;
en
fait
et
en
droits,
ils
étaient
à
la
merci
des
Malinkés
maîtres
du
pays
et,
nécessairement,
ils
ne
pouvaient
faire
valoir
leurs
réclamations
que
par
les
gens
de
Maré-
m-Fa.
D’où
la
situation
de
jour
en
jour
plus
importante
de
ceux-ci,
dont
le
rôle
grandit
au
fur
et
à
mesure
que
grandit
le
nombre
de
leurs
congénères.
La
situation
influente
et
privilégiée
attira
au
Maré-m-Fa
toute
une
clientèle
:
des
pauvres,
des
fugitifs,
des
gens
de
caste
se
recommandèrent
à
eux
et
devinrent
ainsi,
suivant
l’expression
indigène,
leurs
«
dyon
»
;
d’autres,
qui
apportaient
un
concours
important,
purent
prétendre
à
une
situation
plus
relevée
;
d’aucuns
s’unirent
à
eux
par
le
serment
du
sang
avec
toutes
ses
conséquences
;
d’autres,
enfin,
furent
de
véritable
esclaves,
obtenus
par
force
ou par achat.
(3) D’après la tradition rapportée par M.Equilbecq, ce serait il y a quatre cents ans.
Se
tenant
à
l’écart
de
tous
ces
conciliabules,
Amadou
Awa
semblait
les
ignorer.
Cependant,
dans
les
réunions
des
notables
et
des
chefs
que
la
situation
exigeait,
les
intéressés
s’efforçaient
de
faire
adopter
les
vues
de
Malik
Si,
sans
toutefois
oser
déclarer
à
Amadou
Awa
quel
sacrifice
était
indispensable.
Enfin les intéressés au mouvement insurrectionnel eurent recours aux mabo(4).
Ceux-ci,
mis
au
courant
et
stimulés
par
des
cadeaux,
vinrent
se
poster
devant
la
demeure
d’Amadou
Awa
et,
dans
le
langage
qui
sied
aux
grandes
circonstances, ils chantèrent ses vertus, ses hauts faits, la gloire de sa famille,
(1)
D’où
la
dénomination
Bambélangolou
appliquée
à
ses
descendants
;
l’on
entend
aussi
Bambera
d’où
Bambélangolou.
D’après
le
document
publié
par M.Equilbecq il faudrait lire Bambéro et ce nom proviendrait de celui d’une montagne voisine.
(2)
Il
a
été
publié
sur
le
royaumede
de
Bondou,
dont
Malik
Si
fut
le
fondateur,
un
très
intéressant
travail
par
feu
M.
le
docteur
Rançon.
L’on
assiste
là
par le menu à l’œuvre d’un de ces marabouts qui ont joué un rôle considérable dans la société indigène.
(3)
D’après
la
version
rapportée
par
Soleillet,
aussi
bien
que
d’après
celle
donnée
par
M.Equilbecq,
Malik
Si
ne
désigna
pas
expressément
à
ses
demandeurs le nom de celui qui devait jeter la flèche.
(4) Voir sur les Mabo la partie ethnographique.
La
noblesse
de
son
origine.
Flatté
dans
son
orgueil,
il
leur
donna
un
captif
:
ils
le
refusèrent
en
exagérant
encore
la
louange,
Amadou
Awa
leur
offrit
un
cheval,
ils
le
refusèrent
également.
Alors
il
exigea
des
explications
:
«
C’est
que,
dit
le
plus
autorisés
d’entre
eux,
nous
ne
sommes
pas
venus
te
demander
l’aumône
;
tes
largesses
habituelles
suffisent
à
nous
rendre
la
vie
heureuses.
Permets-nous
seulement
de
te
dévoiler
le
secret
qui
doit
te
permettre de continuer brillamment la lignée à laquelle tu appartiens et te donner le moyen de vaincre les Malinké.» Il y consentit.
Quant
il
eut
été
mis
au
fait
du
stratagème
imaginé
par
Malik
Si,
il
sembla
réfléchir,
puis
accepta
de
se
rendre
à
l’assemblée
des
chefs
et
notables.
Là,
il
déclara accepter la périlleuse mission qui devait assurer le triomphe, mais aux conditions qu’il formula ainsi :
1. Le chef de guerre « keletigo » ne pourrait, dorénavant, être choisi que parmi ses descendants, ainsi d’ailleurs que le chef suprême « fankamala ».
2.
Tout
voleur
d’un
animal
des
parcs
de
sa
famille
serait
puni
de
mort
;
les
membres
de
sa
famille
auraient
au
contraire
le
droit
de
disposer
à
leur
gré
des animaux domestiques d’autrui.
3.
Ses
descendants
ne
sauraient
être
punis
pour
adultère
commis
avec
quelque
femme
que
ce
soit,
tandis
que
quiconque
aurait
des
relations
coupables
avec la femme de ses descendants serait à l’entière discrétion de ceux-ci.
4. Seuls ses descendants auraient droit au « sagallo » et au « tonton’o ».
5. Ses descendants ne pourraient être inquiétés pour dettes(1)
(1)
Les
conditions
d’Amadou
Awa
recueillies
par
Soleillet
différent
peu
de
celles
qui
viennent
d’être
données,
ainsi
que
l’on
peut
s’en
rendre
compte
:
1° Que ses descendant seraient à tout jamais les nobles des Foulbé du Khasso;
2° Que toute armée réunie dans le Khasso aurait pour chef l’un de ces descendants;
3°
Que
ses
descendants
auraient
droit
de
vie
et
de
mort
sur
tous
les
habitants
du
Khasso,
mais
que
nul
ne
pourrait
lever
la
main
contre
eux
ni
les
traduire en justice;
4° Qu’aucun Khassonké ne pourrait exercer de saisie sur eux, quoi qu’ils doivent ;
5°
Qu’ils
auraient
le
droit
de
fréquenter
librement
sans
encourir
aucune
peine,
sans
que
personne
puisse
s’y
opposer,
les
femmes
des
autres
Khassonké,
et que quiconque regarderait les leurs serait puni de mort.
D’après
la
version
de
M.Equilbecq,
Amadou
Awa
résuma
ses
desiderata
ainsi
:
«
J’ai
trois
enfants,
deux
garçons
et
une
fille
:
le
premier
est
Séga
Dohi,
le
deuxième
Mamadou
Dohi,
et
la
troisième
Sané
Dohi,
je
vous
les
confis
eux
et
leurs
enfants.
Je
demande
que
leurs
descendants
commandent
aux
Peuls
du
Khasso.
Je
désire
qu’ils
puissent
épouser
les
femmes
de
votre
race
;
bien
entendu,
je
ne
parle
que
de
celles
qui
sont
libres
et
à
qui
ils
pourraient
se
marier
sans
enfreindre
les
prescriptions
d’Allah.
»Cette
dernière
restriction
montre
clairement
que
l’informateur
était
ou
voulait
paraître
musulman.
Cette
manière
de
constitution,
qui
assurait
pour
toujours
la
suprématie
à
la
famille
d’Amadou
Awa,
fut
acceptée
par
tous,
à
l’exception
du
chef
des
Gopé-si
résidant
à
Khoulou,
lequel
déclara
que,
venu
seulement
pour
faire
la
guerre,
il
n’entendait
pas
se
donner
un
maître.
L’on
passa
outre
à
cette
observation mais, ultérieurement, les Gopé-si s’en autorisèrent pour demeurer indépendants des Dyallo.
Les
révoltés
étaient
désormais
prêts
pour
l’attaque
.Une
veillée
d’armes
eut
lieu
avant
l’engagement
avec
les
Malinkés
;
on
y
remarqua
deux
jeunes
gens
qui
sont
demeurés
connus
sous
les
noms
de
Sorona
Samba
et
de
Sorona
Dyéri
:
ils
firent
serment
d’accomplir
un
acte
mémorable,
sans
d’ailleurs
le
définir
autrement.
Ils
partirent.
Pendant
la
nuit,
ils
réussirent
à
pénétrer
jusqu’au
chef
malinké
Kankou
Damakhan,
chef
du
parti
adverse
qui
résidait
à
Walia
sur
Bafing
et
le
mirent
à
mort.
Mais
ils
ne
réussirent
pas
à
s’échapper
;
on
se
saisit
d’eux
et,
attachés
sur
une
claire
en
branchages,
ils
furent
brûlés au petit feu.
Le
combat
eut
lieu
le
lendemain
aux
environs
de
Toumbifara
près
de
Bafoulabé.
Les
Malinkés
étaient
commandés
par
Kamara
Sousokho.
Conformément
à
la
convention,
Amadou
Awa
se
plaça
en
avant
de
ses
partisans
et,
suivant
la
prescription
du
Malik
Si,
jeta
la
flèche
qui
portait
le
talisman de victoire.
En
tout,
les
insurgés
étaient
trois
cent
:
cent
d’entre
eux
trouvèrent
la
mort
dans
cette
affaire
dans
laquelle
périt
également
Amadou
Awa
;
cent
autres
furent blessés. De leur côté, les Malinké subirent un échec définitif.
Séga Doua(1)
(1)
Séga
Doua,
suivant
les
renseignements
de
Soleillet,
ne
fut
pas
le
successeur
immédiat
d’Amadou
Awa
;
celui-ci
aurait
laissé
trois
enfants
issus
de
la
même
femme,
Doua
:
deux
garçon,
Mamadou
et
Séga
et
une
fille
,Sané.
Mamadou,
l’aîné,
aurait
été
investi
du
commandement
suprême
mais,
détesté
de
tous,
il
mourut
peu
après
empoisonné,
dit
t-on
Sega
Doua,
qui
lui
succéda,
fut
même
soupçonné
d’avoir
contribué
à
ce
meurtre.
D’après
la
version
de
M.Equilbecq
:
«
les
Peuls
élevèrent
avec
considération
les
enfants
de
Yamadou
Havé
(Yamadou
Hawa).
S’ils
empoisonnèrent
Mamadou
Dohi
(Mamadou
Doua),
à
cause
de
son
intolérable
arrogance,
ils
firent
de
Séga
Dohi
(Séga
Doua)
leur
roi,
dès
sa
majorité
et
maintinrent
le
pouvoir
suprême à ses descendants. »
Séga
Doua
eut,
entre
autres
femmes,
une
nommé
Kinti
dont
il
eut
deux
fils
Guimba
et
Amadou,
et
une
fille,
Alima
laquelle
devint
l’épouse
d’un
chef
de
Kényou
auquel
elle
donna
deux
fils,
Timba
et
Moussa.
Antérieurement,
Kinti
avait
était
mariée
à
un
certain
Dyawé
dont
elle
avait
eu
un
fils,
Saféré,
et
une
fille,
Kouléya
:
cette
dernière
épousa
un
homme
de
Khoulou
alliée
aux
Gope-si
de
Khoulou.
–
Un
fils
de
Kouléya,
nommé
Timo,
est
demeuré
connu
comme
étant
le
dévastateur
de
la
région,
restée
longtemps
déserte,
de
Sisséla
entre
Farabanna
et
Médine.
Il
existait,
dit-on,
un
grand
chef
malinké,
Sambou
Dembélé,
qui
résidait
à
Farabanna,
c’était
à
l’époque
où
les
Anglais
étaient
à
Toubabounkané.
Sambou
était
puissant
par
le
nombre
de
ses
esclaves
que
commandait
Dyonnama
Koli.
Toute
la
région
de
Sisséla
était
alors
couverte
des
villages
des
captifs
de
Sambou.
Or
Sambou avait pour ennemi Timo Koli de Khoulou qui en un jour ravagea Sisséla de telle sorte qu’aucun villages ne subsista.
Les
vainqueurs
mandèrent
le
fils
d’Amadou
Awa
nommé
Séga
Doua.
C’était
un
enfant
de
douze
à
treize
ans
:
ils
le
mirent
au
courant
de
la
convention
qui
avait
coûté
la
mort
à
son
père
et
se
déclarèrent
prêts
à
tenir
leurs
engagements.
Ils
lui
prêtèrent
serment
d’obéissance,
en
présence
de
Malik
Si
qui
présidait cette manière d’investiture.
Séga
Doua
fut
un
roi
très
influent.
Il
résidait
à
Bambéla
et
eut
sous
son
autorité
immédiate
:
le
Tomora
le
Kontéla,
le
Fansané,
le
Dyayi,
le
Sanga,
Malambou, Kounadila (Fatola actuel), Khoulou (1).
(1)
Nous
trouvons
dans
l’Histoire
des
voyages
de
l’abbé
Prévost
(édition
de
1746)
certains
renseignements
sur
Séga
Doua
et
le
Khasso
qu’il
nous
parait
intéressant
de
reproduire
ici,
p.530
du
t.
II
:
«
Au
nord
et
au
nord-est
du
pays
de
Galan
se
trouve
le
pays
de
Kasson
qui
commence
à
moitié
chemin
entre
roches
de
Félou
et
de
Govina.
Le
souverain
s’appelle
Séga
Dora.
Il
fait
sa
résidence
ordinaire
à
Goumel,
dans
une
grande
île
ou
plutôt
une
péninsule
formée
par
deux
rivières
au
nord
du
Sénégal.
La
plus
méridionale
de
ces
deux
rivières
qui
forment
l’île
de
Kasson
se
nomme
la
rivière
noire,
de
la
couleur
sombre
de
ses
eaux
et
ne
prend
pas
sa
source
à
moins
d’une
demi-lieue
de
celle
du
Sénégal,
mais
à
moins
d’une
lieue
de
son
origine
elle
devient
si
forte
qu’elle
cesse
d’être
guéable
;
l’autre
qui
est
au
nord
porte
le
nom
de
rivière
blanche,
parce
que
la
terre
blanchâtre
et
glaiseuse
où
elle
passe
lui
fait
prendre
cette
couleur,
fort
différente
du
Sénégal
d’où
elle
sort
à
demi
lieue
au
plus
de
la
source
du
Sénégal.
La
péninsule
du
Kasson
longue
de
60
lieues
n’en
a
guère
que
6
de
large.
Le
terrain
en
est
fertile
et
bien
cultivé.
Elle
est
peuplée
et
son
commerce
si
étendu
qu’elle
doit
être
fort
riche.
Son
roi
passe
pour
un
prince
puissant
qui
n’est
pas
moins
respecté
de
ses
voisins
que
de
ses
sujets.
Galam
et
la
plupart
des
royaumes
voisins
sont
des
tributaires.
On
connaît
peu
ses
limites
au
nord,
mais
il
est
certains
qu’au
sud
il
s’étend
jusqu’aux
pays
de
Godova
(Gadougou)
et
de
Jaga
(Dyakha-sur-Bafing)
et
que
les
Mandigos
de
Bambouk
et
de
Tombuto
sont
ses
tributaires
s’ils
ne
sont
ses
sujets.
On
prétend
que
les
habitants
de
Kasson
étaient
Foulis
dans
leur
origine
et
que
leur
roi
possédait
anciennement
le
royaume
de
Galam
et
la
plupart
des
pays
qui
forment
aujourd’hui
les
états
du
Siratik.
Peut-être
faut
t-il
rapporter
à
cette
cause
le
tribut
que
ces
peuples
lui
paient
encore.
On
assure
qu’il
a
des
mines
d’or,
d’argent
et
de
cuivre
en
fort
grand
nombre
et
si
riche
que
le
métal
paraît
presque
sur
la
surface,
de
sorte
que
si
délayant
un
peu
de
terre
dans un vase on le vide avec un peu de précaution, ce qui reste au fond est le métal pur. C’est ce que l’on appelle l’or de lavage.
«
Comme
les
Français
n’ont
pas
pénétré
plus
loin
à
l’Est
que
les
cataractes
de
Govina,
toute
les
informations
que
l’on
a
sur
le
royaume
de
Kasson
viennent
des
marchands
nègres
du
pays…
Ils
conviennent
tous
qu’il
s’étend
plusieurs
journées
au-delà
du
rocher
de
Govina
et
qu’il
est
borné
à
l’est
par un autre royaume qui touche à celui de Tombuto, pays que l’on cherche depuis si longtemps.
Malgré
les
erreurs
géographiques,
que
la
simple
inspection
d’une
carte
de
nos
jours
permet
de
rectifier,
malgré
les
exagérations,
qui
ont
à
coup
sûr
leur
point
de
départ
dans
l’intention
des
informateurs
de
satisfaire
le
désir
d’Européens
en
quête
de
l’Eldorado
soudanais,
il
n’est
pas
moins
intéressant
de
constater,
qu’à
la
fin
du
dix-septième
siècle,
le
roi
du
Khasso
occupait
une
certaine
situation.
A
vrai
dire,
ce
n’était
qu’une
manière
de
pillard
barrant
certaines
routes,
allant
du
nord
au
sud
ou
l’est
à
l’ouest.
En
ce
temps-là
Goundyourou
était
le
point
de
passage
et
le
centre
commercial
d’où
les
caravanes
gagnaient
les
escales
du
Haut
Sénégal
ou
la
Haute
Gambie
;
par
là
transitaient
notamment
ces
esclaves
bambara,
renommés
pour
leur
caractère
passif
non
moins
que
pour
la
force
physique
et
qui
faisait
d’eux
des
travailleurs
réputés
précieux.
L’accès
de
Goundyourou
était
à
la
merci
de
Demba
Séga,
tout
comme
celui
de
Dyakha-sur-Bafing
:
c’est
pourquoi
les
pays
limitrophes
achetaient
sa
complaisance
en
lui
payant
tribut,
tribut
qui
avait un caractère commercial et non pas politique.
Dyadyé Gansiri (Diadiéya)
Lorsque Séga Doua mourut, il eut pour successeur son fils aîné Dyadyé, né de sa femme Gansiri qui était du Fouta Djallon.
Pressé
par
la
nécessité
de
trouver
de
meilleurs
pâturages,
Dyadyé
s’avança
vers
le
Nord–Ouest
et
vint
nomadiser
dans
les
parages
de
Kanamakhounou,
avec résidence en ce lieu. La région prit, à cause de lui, le nom Dyadyéya.
Dyadyé
mourut
à
Kana,
près
de
Soutoukané,
des
suites
d’une
expédition
contre
les
Bambara
:
comme
il
était
très
corpulent
le
pommeau
de
la
selle
le
blessa mortellement dans l’ardeur qu’il déploya au cours de la bataille.
Guimba Kinti (Guimbaya = Bafoulabé et Mahina)
Le
nouveau
chef,
frère
cadet
de
Dyadyé
Gansiri,
était
fils
d’une
femme
nommée
Kinti.
A
son
tour
et
pour
les
mêmes
raisons
que
Dyadyé,
il
se
déplaça
et
vint
s’établir
au
village
de
Kolobéla
(Dyombokho).
Il
eut,
lui
aussi,
à
lutter
contre
les
Bambara,
mais,
avec
l’aide
des
armées
du
Bondou,
il
fut
vainqueur et contraignit même ses adversaires, dont le chef se nommait Sira Bo, à lui payer tribut.
Demba Séga (Dembaya = Kayes et Médine)
Alors s’ouvre la période la plus glorieuse de l’empire khassonké, du moins au dire des informateurs.
Demba
Séga,
troisième
fils
de
Séga
Doua,
qui
accédait
au
commandement
suprême,
avait,
jusque-là,
occupé
son
temps
à
escorter
les
caravanes
qui,
du
Bakhounou,
se
rendaient
dans
les
centres
commerciaux
du
Haut
Sénégal
et
plus
particulièrement
dans
les
escales
que
fréquentaient
les
commerçants
européens.
A
ce
métier,
il
avait
acquis
quelque
aisance
parce
qu’il
était
rémunéré
à
la
fois
par
les
gens
qu’il
convoyait
et
par
les
traitants
auxquels
il
conduisait
des
clients.
On
affirme
que,
devenu
fankamala
(fangama)
du
Khasso,
il
s’efforça
de
maintenir
la
plus
grande
liberté
commerciale
dans
toute
la région sous son influence, et les traitants lui payaient pour cela une redevance consistant, pour chacun, en une pièce de Guinée.
Poussé,
comme
ses
prédécesseurs,
par
la
nécessité
de
trouver
des
pâturages,
il
s’avança
vers
le
Nord-Est
et
conduisit
ses
troupeaux
jusque
dans
la
Dyafounou.
En
saison
sèche
il
nomadisait
sur
les
bords
d’une
mare
(Faro)
située
au
Nord
de
l’emplacement
de
l’actuelle
Kounyakari
et,
pour
cela,
payait
un
droit
de
pacage
aux
chefs
locaux.
Mais,
les
troupeaux
sont,
par
les
dégâts
qu’ils
causent,
une
source
de
discussions
perpétuelles
avec
les
agriculteurs
:
il
advint
ainsi
que
Demba
Séga
et
le
chef
de
la
mare
se
querellèrent
jusqu’à
en
venir
aux
mains.
Demba
Séga
fut
vainqueur
et
non
seulement
il
considéra
comme
sienne
désormais
la
prairie
où
vaguaient
ses
troupeaux
et
ses
gens,
mais
encore
exigea
un
tribut
du
vaincu.
A
proximité
de
la
région
ainsi
occupée,
il
installa
son
campement,
puis
un
village
fixe
qui
fut
dénommé
Kounyakari,
à
cause,
dit-on,
du
bois
de
kounyé
employé
pour la construction des cases.
Cet
épisode
montre,
à
vrai
dire,
tout
le
secret
de
la
diplomatie
qui
permit
aux
Dyallo
d'étendre
leur
autorité.
Obligés
de
faire
front
à
tout
moment
aux
contestations
provoquées
par
les
déprédations
de
leurs
troupeaux,
il
avait
organisé
une
sorte
de
milice
qui
imposait
par
la
force
aux
indigènes
des
empiétements
qu’il
n’aurait
autrement
jamais
admis.
Au
droit
d’usage
ainsi
conquis,
ils
s’efforçaient
d’ajouter
des
droits
politiques
qu’ils
étendaient
peu à peu au gré des circonstances.
Voici,
par
exemple,
comment
le
Tomora
devint
tributaires
du
Khasso
:
un
jour,
Tonga
Séga,
fils
de
Diba
Sambala,
se
présenta,
avec
un
parti
de
cavalier,
devant
un
village
du
Tomora
;
à
quelque
distance
du
village,
cette
troupe
prit
le
galop
de
charge,
et,
traversant
le
village,
saisit
femmes
et
enfants,
en
simulant
une
razzia.
Les
gens
du
lieu
prirent
la
chose
au
sérieux
et,
comme
Tonga
Séga
ramenait
les
personnes
qu’il
avait
enlevées,
les
hommes du village entourèrent la petite troupe et l’attaquèrent de toutes part sans vouloir entendre l’explications. Tonga Séga fut tué.
Lorsque
le
calme
fut
revenu,
les
gens
du
Tomora
comprirent
toute
la
gravité
de
l’affaire.
Dans
la
crainte
de
représailles
que
Demba
Séga
n’eût
pas
manquée
d’exercer
contre
tout
le
canton
tenu
pour
solidaire
de
la
faute
de
un
seul
village,
ils
envoyèrent
une
députation
pour
traité
à
n’importe
quelles
conditions.
Ils
offrirent
à
Demba
Séga
de
désigner
lui-même
celui
d’entre
eux
qu’il
jugerait
bon
d’immoler
pour
«
payer
l’âme
»
du
défunt
et
Demba
Mahdi,
oncle
de
Tonga
Séga,
penchait
pour
cette
solution
conformé
à
la
coutume,
mais
Demba
Séga,
en
politique
avisé,
mit
comme
seule
condition
à
son pardon, qu’en temps de guerre toutes les ressources du Tomora seraient à sa disposition entière : ce qui fut accepté.
Tirer
parti
des
circonstances,
telle
fut
en
substance
la
ligne
de
conduite
de
Demba
Séga.
En
voici
une
nouvelle
preuve.
Un
almani
du
Fouta
Djallon,
nommée
Sori,
suivant
les
uns,
Omar,
selon
d’autres,
envoya
intimer
l’ordre
aux
Khassonkés
de
se
soumettre
à
la
loi
du
Prophète,
menaçant
en
cas
de
refus
d’envahir
le
pays
et
de
tout
saccager.
Après
réflexion,
Demba
Séga,
qui
ne
se
sentait
pas
de
taille
à
lutter,
fut
d’avis
à
se
soumettre
;
mais
il
rencontra
un
antagoniste
résolu
et
influent
dans
un
notable
nommé
Sandyan
Babi
Séga.
C’était
un
homme
riche,
possesseur
de
nombres
esclaves
et
appuyés par le dévoués partisans, si bien que Demba Séga ne pouvait rien entreprendre de grave sans son assentiment.
Dans
le
conseil
qui
fut
tenu,
Sandyan
Babi
demanda
curieusement
:
«
Mais
en
quoi
consiste
la
prière
?
»
Demba
Séga
exécuta
de
son
mieux
la
prière
en
prenant
les
attitudes
rituelles.
«
Eh
bien,
conclut
Sandyan
Babi,
je
ne
me
résoudrai
jamais
à
faire
de
pareille
singerie…
»
Tout
les
discours
de
Demba
Séga
laissèrent
le
notable
inébranlable,
il
fallut
recourir
aux
arguments
suprêmes
:
Demba
Séga
offrit
à
Sandyan
Babi
une
de
ses
filles
à
laquelle
il
constitua
une
belle
dot
en
bœufs
et
en
bijoux
d’or.
Sandyan
Babi
céda
et
Demba
Séga
fit
connaître
sa
soumission
à
l’almami
du
Fouta
Djallon qui lui conféra en retour le titre d’almami(1) du Khasso.
Demba
Séga
prit
sa
conversation
au
sérieux,
il
se
fit
donner
une
sorte
de
conseiller
musulman
par
les
Dyakhanké
et
s’en
remit
au
tribunal
musulman
de
Goundyourou(2)
pour
juger
les
affaires
de
gravité
exceptionnelle.
C’est,
semble
t-il,
surtout
parce
que
ses
voyages
aux
escales
lui
avait
démontré
l’intérêt qu’il y avait à ménager le monde des musulmans, voués au commerce non moins qu’à la domination politique, qu’il agissait de la sorte.
(1)
L’histoire
de
l’introduction
de
l’islamisme
dans
un
canton
du
Khasso,
le
Tringa,
nous
est
présentée
comme
suit
par
Munga-Park
:
«
Le
5
janvier
1796
arriva
à
Tisie
une
ambassade
composée
de
dix
personnes.
Elles
étaient
envoyées
par
Adb-ul-Kader,
roi
de
Fouta-Torra,
pays
situé
à
l’occident
du
Bondou.
Les
envoyés
ayant
engagé
Tiggity
Séga
à
convoquer
les
habitants
de
la
ville,
déclarèrent
que
si
le
peuple
de
Kasson
(Khasso)
n’embrassait
pas
la
religion
musulmane
et
ne
prouvait
pas
sa
conversation
en
faisant
onze
fois
chaque
jour
de
prières
publiques,
le
roi
du
fouta
torrra
ne
pourrait
garder la neutralité dans la guerre qu’on s’apprêtait à faire et qu’il joindrait ses armes à celles du roi de Kajaga. » (Gadiaga)
Ces faits sont t-ils postérieurs ou antérieurs à ceux des récits qui, concernent Demba Séga ? Nous n’avons pu le savoir.
(2)
Nous
savons
encore
par
l’Histoire
des
Voyages
de
l’abbé
prévost
que
Goundyourou
était
une
grande
ville
enrichie
par
le
commerce
des
caravanes
et
peuplée
par
4.000
à
5.000
marabouts.
C’était
la
métropole
d’une
manière
de
république
formée
par
un
certain
nombre
de
villages
mahométans
situés
en
bordure
du
Sénégal
et
parmi
lesquels
Daramané
occupait
le
premier
rang.
Il
est
remarquable
qu’au
cours
des
siècles
ultérieurs
cet
état
de
choses,
probablement déjà fort ancien, se maintint si bien que nous même en avons constaté l’existence.
Goundyourou est situé au S-E. de Kayes à peu près à hauteur de Médine.
Et
sans
doute
faut-il
rattacher
au
même
sentiment,
l’alliance
qu’il
conclut
avec
le
chef
maure(1)
d’Axiri
en
lui
donnant
sa
fille
Khoumba.
Suivant
les
traditions
des
Khassonkés,
de
cette
union
naquit
un
fils,
Mahmadou,
qui
eût
lui-même
deux
fils,
Bou
Seydi,
dont
les
descendants
sont
les
Fal,
chef
des
Maures du Séro, et Déya, père du fameux agitateur Mahmadou Lamine.
Par
sa
prudence
politique,
Demba
Séga
fut,
en
réalité,
le
véritable
fondateur
de
l’empire
du
Khasso
:
les
informateurs
sont
unanimes
à
le
proclamer.
Mais
c’était
là,
à
tout
prendre,
un
empire
chancelant,
car
il
était
entouré
de
voisins
turbulents
et
audacieux,
toujours
prêts,
comme
lui-même,
à
faire
un
mauvais
coup(2)
;
pour
les
chefs
du
Khasso,
la
guerre
était
une
nécessité
non
seulement
pour
se
défendre,
mais
surtout
pour
pouvoir
se
répandre
en
largesses indispensables afin d’entretenir le loyalisme des clients, des familiers, des serviteurs dispendieux et avides.
Quoi
qu’il
en
soit,
par
tous
les
moyen
mis
en
œuvre,
Demba
Séga
amassa
une
certaine
fortune
et,
notamment,
réunit
un
nombre
assez
considérable
d’esclaves.
A
cette
époque
et
jusqu’à
ces
dernières
années,
la
puissance
et
la
richesse
étaient,
dans
ces
régions,
en
fonction
du
nombre
des
esclaves
l’on
imposait
sa
volonté
et
l’on
faisait
fructifier
les
biens
de
toutes
sortes
:
mais,
pour
les
diriger,
les
maintenir
dans
l’obéissance
et
en
tirer
le
meilleur
parti possible, leur maître devait être sédentaire, d’où l’importance de Kounyakari et l’organisation, au moins sommaire, du pouvoir central.
Ainsi Demba Séga ne fut pas seulement le plus grand roi mais, à vrai dire, le premier roi du Khasso.
(1)
Les
maures
dont
il
est
ici
question
sont
des
Oulad
el
Khouizi,
fraction
de
la
tribu
arabe
des
Oulad
M.barek
lesquels
sont
des
Makil.
Nous
assistons
ainsi à la fusion avec l’élément indigène d’un rameau de l’invasion arabe du onzième siècle.
Les
Oulad
el
Khouizi
ont,
par
les
métissages,
tellement
perdu
l’aspect
même
de
leurs
ancêtres
arabes
qu’ils
sont
physiquement
tout
à
faits
semblables
aux
nègres
qui
les
entourent.
Un
côté
intéressant
de
cette
fusion
doit
être
signalée
ici
:
les
maures
n’ont
point
de
noms
de
famille
pareils
à
ceux
que
certains
indigènes,
les
Mandé
(Manding),
appellent
le
dyamou
(jamo),
or
nous
constatons
que
les
Khouizi
sont,
par
les
indigènes
qualifiés
Fal
qui
devient
leur
dyamou
;
d’un
autre
côté,
par
l’union
les
femmes
indigènes,
un
de
ces
Fal
a
donné
naissance
à
des
Dramé
;
Nous
verrons
encore
qu’une
branche de ces mêmes El Khouizi prit pour chef un certain Amar Diko. Il y a là d’utiles indications pour l’histoires des dyamou.
Il
convient
en
outre
de
remarquer
comment,
contrairement
aux
apparences
parfois,
les
indigènes
peuvent
réellement
prétendre
se
rattacher
à
un
ancêtre
arabe.
(2)
Les
Massa-si,
sous
le
commandement
de
Seba-Mana,
auraient
attaqué
Demba
Séga
et
l’auraient
battu
à
Dialakho,
près
et
au
nord-est
de
Kounyakari.(Trad.,hist. Et leg. Du Soudan Occidental, Delafosse.)
Diba Sambala
La
mort
de
Demba
Séga
provoqua
des
désordres
extrêmement
graves.
Au
temps
de
sa
jeunesse,
Demba
Séga
avait
entretenu
des
relations
avec
une
femme
du
Logo,
nommée
Diba,
de
laquelle
il
eut
un
fils,
Sambala.
Devenu
roi,
Demba
Séga
fit
venir
Diba
et
son
fils
auprès
de
lui.
D’autre
part,
il
établit son frère, Silatigui Yamadou, dans le Séro.
Quand
mourut
Demba
Séga,
Silatigui
Yamadou
était
déjà
mort
laissant
pour
lui
succéder
son
fils
aîné
Saféré,
qu’il
avait
eu
de
Kombossé
;
Saféré
vint
s’établir
à
Khridyon
(ou
Krémis)
alors
que
ses
frères
demeuraient
à
Dyinkoulou
(Djinguilou),
Dyanéga,
Mahdia.
Saféré
n’étant
pas
le
plus
âgé
des
Dyallo
ne
pouvait
légitimement
prétendre
succéder
à
Demba
Séga,
non
plus
qu’il
n’avait
pu
hériter
des
biens
de
son
oncle
Dyadyé
Gansiri
;
aussi,
était-il pauvre et sans espoir de voir sont bien s’augmenter par la disparition naturelle et anticipée de ses parents riches.
A
khanamakhounou,
Dyadyé
Gansiri
avait
eu
pour
successeur
Kana
Séga
;
bientôt
remplacé
par
Dyadyé,
dont
la
mère
se
nommait
Ouri,
et
qui
était
contemporain de Saféré et de Sambala.
Ce
dernier,
fils
naturelle
de
Demba
Séga,
soutenu
par
Saféré
se
présenta
pour
prendre
la
succession
de
son
père.
Il
eut
pour
compétiteur
Mahdi,
le
fils
légitime que le défunt avait eut d’Awa, veuve de son frère Guimba ; Demba Mahdi était appuyé par ses frères germains Awa Mamoudou et Awa Séga.
Saféré
voulut
entraîner
Dyadyé,
mais
celui-ci,
perçant
à
jour
ses
manœuvres
hypocrites,
lui
dit
:
«
Moi,
je
puis
me
contenter
des
biens
de
mon
père
;
quant
à
toi,
je
te
comprend
que
tu
sois
désireux
des
troubles
qui
peuvent
te
permettre
d’acquérir
quelque
chose,
mais
ne
compte
pas
sur
moi
pour
t’aider
dans
ce
but.
»
Saféré
ne
se
tint
pas
pour
battu,
et
revint
et
offrir
à
Dyadyé
la
fille
de
Diba
Sambala,
appelée
Dyati,
pourvues
d’une
jolie
dot
en
or. Dyadyé accepta.
Alors
Saféré
alla
à
Guémou
circonvenir
les
Bambara
que
commandait
Monssou-Koura
Bo.
Les
bambara
furent
vite
décidés,
trop
heureux
d’une
occasion de piller.
Les
alliés
se
présentèrent
devant
Kounyakari
un
mercredi
et
ce
jour
néfaste
est
demeuré
connu
sous
le
nom
de
Khasso
arabo
(le
mercredi
du
khasso).
Demba
Mahdi(1)
et
Awa
Mamoudou
furent
tués
et
leurs
partisans
dispersés.
Les
captifs
de
la
couronne
devinrent
la
proie
des
alliés
qui
se
séparèrent
brouillés par le partage du butin.
Diba Sambala mourut un an après.
(1)
Suivant
une
autre
version,
Demba
mahdi
ne
fut
pas
tué
et,
ne
renonçant
aucunement
à
ses
prétentions,
il
s’enfuit,
gagna
le
Tomora
,
puis
le
Bakhounou et mourut dans ce dernier pays à Sékéllo.
Moussa-khoy
Awa
Demba,
fils
de
Diba
Sambala,
étais
décider
à
succéder
à
son
père,
mais
Safaré
intervint
et
lui
dit
:
«
oublies-tu
que
ton
oncle
est
encore
vivant
?
Plus
âgé
que
toi,
c’est
à
lui
que
revient
le
commandement.
Sache-le
bien,
je
n’hésiterai
pas
à
te
combattre
si
tu
passes
outre
à
mon
conseil
;
si
tu
laisses
les champs libre à Moussa–khoy, je te promets de t’aider à le supprimer et à le remplacer. »
Ainsi, Moussa –khoy, frère de Diba Sambala, devint chef.
Aussitôt
les
Dyadyéya
et
Guimbaya
commencèrent
à
intriguer
à
l’instigation
de
Saféré.
Un
jour,
les
conspirateurs
se
réunirent
derrière
Kounyakari
sous
prétexte
de
régler
des
affaires
de
famille.
Ils
firent
appeler
Moussa-Khoy
:
il
ne
vint
que
sur
l’affirmation
qu’Awa
Demba
était
présent.
Peu
après,
quand
le
palabre
fut
engagé,
un
esclave
tue
Moussa–khoy
d’un
coup
de
fusil
:
C’est
ainsi
que
les
conjurés
avaient
décidé
de
se
débarrasser
de
lui,
en
promettant la liberté à l’esclave qui le tuerait.
Awa Demba
A
peine
Awa
Demba
était-il
installé
que
Saféré
alla
trouver
Ouri
Dyadyé
pour
le
décider
à
l’attaquer.
Dyadyé
refusa
:
«
Maintenant
tout
est
fini
entre
nous,
dit-il.
Tu
es
cause
de
tous
les
malheurs
qui
désolent
notre
pays
:
autre
fois,
j’étais
riche
des
biens
de
mon
père
et
tu
me
les
as
fait
gaspiller
pour
ton seul profit. » Ouri Dyadyé s’allia à Awa Demba.
Saféré
ne
se
décourage
pas.
Dans
le
Tringa,
commandait
un
autre
membre
de
la
famille
des
Dyallo,
nommé
Tagati
Séga(1),
qui
jusqu’alors
était
demeuré
étranger
à
toutes
ces
intrigues
de
familles,
Saféré
réussit
à
l’attacher
à
sa
cause
et
s’assura
également
le
concours
des
Bambara,
commandés
par Bodyan-Moriba.
(1) il résidait à Tisie, quand il fut visité par Mungo Park, en 1795.
La
bataille
eut
lieu
à
Khridion
et
fut
terrible
:
Tagati
Séga
fut
tué(1)
;
Awa
Demba
vaincu
dut
abandonner
Kounyakari
et
gagna
Fatola.
Ouri
Dyadié
revint à Kanamakhounou et Saféré demeura à Khridion.
(1)Tagati
Séga
eut
pour
successeur
son
fils
Sani
Moussa
qui,
sous
la
protection
des
Bambara,
alla
s’établir
à
Khamantéré
(Khanantaré),
à
l’Est
de
Kanamakhounou, sur l’emplacement de la forêt de Kousigan.
Saféré
revint
trouver
Ouri
Dyadyé
pour
obtenir
son
concours
contre
Awa
Demba.
Alors
Dyadyé,
qui
était
né
le
même
jour
que
Saféré
et
avait
de
ce
fait
le
droit
de
s’exprimer
en
toute
franchise,
dit
:
«
Ecoute,
finissons-en,
Demba
et
moi
sommes
tes
enfants,
nos
biens
t’appartiennent,
commande-
nous,
mais
laisse-nous
vivre
en
paix.
Quand
à
moi,
je
ne
veux
plus,
désormais
prendre
parti
dans
tes
dissentiments
avec
Demba
:
je
resterai
chez
moi
et vous défends d’y venir ; Si l’un de vous à l’audace de passer sur le territoire de mon village, je l’en chasserai. »
Saféré fit encore appel aux Bambara. Awa Demba dut céder à la fortune contraire et gagna Koussané, prêt de Médine.
Au
retour,
Saféré
décida
les
Bambara
à
lui
faire
escorte.
Les
Gopé-si
de
Khoulou
se
joignirent
à
eux.
Arrivés
à
hauteur
de
Kanamakhounou,
Saféré
entraîna
toute
la
bande
au
pillage
du
village.
L’opération
fut
facile,
tous
les
guerriers,
y
compris
le
chef,
étaient
aux
champs,
les
pillards
firent
sans
coup
férir
ample
butin
;
mais
Ouri
Dyadyé
prévenu
fit
battre
le
tabala
(Tabulo),
rassembla
son
monde
et
tomba
à
l’improviste
sur
Saféré
et
ses
alliés
qu’il
tailla
en
pièces
et
contraignit
d’abandonner
toutes
les
prises
qu’ils
avaient
faites.
Les
gens
d’Awa
Demba
passèrent
ainsi
aux
mains
de
Dyadyé.
Le chef des Gopé-si, blessé, fut fait prisonnier par Ouri Dyadyé qui le fit simplement reconduire à Khoulou.
Dès
qu’il
fut
rentré
à
Khridion,
Saféré
envoya
un
émissaire
à
Dyadyé
pour
s’excuser
d’avoir
cédé,
disait-il,
aux
sollicitations
menaçantes
des
Bambara;
il
lui
faisait
dire
en
outre:
Méfie-toi
d'Awa
Demba,
c'est
un
hypocrite
qui
va
bien
sûr
te
faire
demander
de
lui
rendre
sa
famille
et
qui
n'
attend,
cependant,
qu'une
occasion
pour
te
nuire.
Awa
Demba
vint,
en
effet,
lui-même,
chercher
les
siens
que
Dyadyé
ne
fit
aucune
difficulté
pour
lui
rendre.
Bien
plus,
les
conseils
de
Demba
le
décidèrent
à
quitter
Kanamakhounou
;
ensemble,
ils
prirent
la
route
qui
mène
à
Koussané,
mais,
arrivé
au
chemin
qui
conduit
à
Makadènyé
Dyadyé
se
sépara
de
Demba
:
sa
mère
était
une
Nomokho
de
Makadényé
et
c'est
auprès
d'elle
qu'il
entendait
se
retirer.
Il
vécut
sept
ans
à
Makadénye
et
eu
pour
successeur
son
fils
Séga
,
dont
la
mère
se
nommait
Dado.
Dado
Séga
avait
pour
frère
Sambala,
fils
du
nommée Dyogou, de la famille des Batyili de Makhana. Sambala(1)
(1)
La
guerre
éclata
dans
le
Gadyaga
entre
les
deux
parties
formés:
l'un
par
les
Silmana
et
les
Sountoukara
avec
Samba-koumba-dyaman
de
Tuabo
pour
chef;
l'autre
;
par
les
Makhankara
commandés
par
Samba
Yacine,
chef
de
Makhana;
Samba-Koumba-dyaman
s'assura
par
des
présents,
à
la
fois
la neutralité des Bambara et le concours du Bondou et du Khasso.
Les
chefs
du
Khasso
ayant
décidé
d'envoyer
des
renforts
à
Samba
Koumba-Dyaman,
Dado
Séga
chargea
Dyogou
Sambala
de
prendre
le
commandement
de
sont
contingent,
Dyogou
Sambala
refusa
de
marchait
contre
Samba
Yacine
qui
était
sont
oncle
:
«
je
n'accepterai
dit-il
de
commander
la
colonne
que
si
elle
a
pour
objectif
Tuabo
»
Dado
Séga
lui
répondit
tu
oublies
que
dans
notre
famille,
il
est
de
tradition
que
le
neveu
combatte son oncle , donc je ne change rien à ma décision. C’est à Makhana que tu dois aller.
A
la
nuit,
Dyogou
Sambala
fit
seller
son
cheval
et
accompagné
de
sont
seul
sofa,
Al
Hadji,
il
partit
chez
Gran,
le
chef
des
Massassi.
Au
point
du
jour,
lorsqu'il
parut
aux
environs
de
la
capitale,
des
enfants
coururent
prévenir
qu'un
étranger
à
cheval
venait
d’arriver
et
qu'il
apparaissait
à
sa
mine
que
c’était
un
homme
de
bonne
condition.
Gran
envoya
aux
informations
et
lorsqu'il
fut
renseigné,
il
assigna
un
logement
à
Dyogou
Sambala
qu'il
convoqua
en
même
temps,
pour
le
lendemain.
Sambala
insistât
pour
être
reçu
de
suite
et
obtint
satisfaction.
Il
exposa
à
Gran
les
motifs
qui
l'avaient
obligé
à
quitter
son
pays
et
lui
demanda
une
colonne
pour
secourir
Samba
Yacine:
"
Je
suis
malheureusement
lié
par
les
promesses
que
j'ai
faite,
dit
Gran;
Samba
Yacine:
m'a
envoyé
son
fils
Suley
qui
est
ici,
mais
qui
a
été
prévenu
par
les
présent
de
Samba
Koumba-dyaman
et,
aujourd'hui,
pour
ne
pas
trahir
mes
engagement
je
retarde
le
moment
de
répondre
à
Suley.
Toutefois,
j'éprouve
pour
toi
tant
de
sympathie
que
je
réunirai
demain
le
conseil
des
notables
et
plaiderai
en
ta
faveur.
"
Le
lendemain,
au
conseil
des
notables,
Gran
exposa
les
motifs
de
la
visite
de
son
nouvel
hôtel
et
insista
tout
particulièrement
pour
qu'on
lui
accordât
la
colonne
de
secours
qu'il
était
venu
demander:"
Mais,
dirent
les
notables,
nous
sommes
engagés
vis-à-vis
de
Samba
Koumba-Dyaman
et
il
nous
est
d'autant
plus
difficile
de
changer
d'avis
que
nous
avons
déjà
gaspillé
ses
présents."
Mais
Gran
demeura
ferme
et
les
notables
conclurent:
"Aussi
bien
tu
es
maître
de
faire
ce
que
tu
voudrais;
Peut-être
voudrait-il
mieux
pour
donner
satisfaction
aux
deux
partis
envoyer
une
ambassade
à
S.K
Dyaman
pour
lui
exposer
que
tu
serais
heureux
de
lui
voir
abandonner
ses
projets
contre
Makhana
et
que
s'il
y
persiste,
tu
pourrais
ne
pas
garder
la
neutralité.
"Ce
moyen
terme
fut
accepté
et,
sur-le-champ,
on
préleva
sur
chacun
des
quatre
"pied''
de
l'armée
Bambara
un
contingent
de
80
hommes
et
un
chef
fut
placé
à
la
tête
de
cette
petite
armée
qui
fus
remise
à
Dyogou
Sambala.
Arrivé
à
hauteur
de
Kanamakhounou
Dyogou.Sambala
envoya
des
émissaires
à
ses
amis
du
Khasso
pour
les
inviter
à
se
joindre
à
lui
en
passant
par
le
Natyaga,
les
Gopé-si
furent
du
nombre.
En
face
de
Tuabo,
Dyogou
Sambala
n’eut
pas
de
peine
à
décider
les
bambara
à
l'attaque:
"Comment,
leur
dit-il,
vous
allez
demander
à
S.K
Dyaman
de
ne
pas
attaqué
Samba
Yacine
simplement
pour
ne
pas
déplaire
à
votre
maître!
Mais
tous
les
Silmana
vont
en
faire
des
gorges
chaudes,
car
ils
ne
douteront
pas
que
ce
ne
soit
l'indice
d'une
faiblesse
certaine...
"Sur
ces
entrefaites
arrivèrent
les
Khassonké
amis
de
Dyogou.Sambala
et
les
Bambara
se
sentant
en
nombre
attaquèrent
Tuabo
qui
fut
pris
pendant
que
Dyogou
Sambala
faisait
ainsi
des
affaires
de
son
oncle
Samba
Yacine,
à
Makhadéyé
l'on
se
partageait
ses
biens
ou,
du
moins,
l'on
désignait
à
chacun
la
part
qui
lui
en
reviendrait.
Sur
le
chemin
du
retour,
Dyogou.Sambala
,
apprenant
ce
qui
s'était
passé,
alla
retrouver
Gran
et
obtint
de
lui
une
colonne
qui
lui
permit
de
reprendre
ses
biens,
après
quoi
il
vin
s'établir
à
Kanamakhounou.
Ayant
pris
fais
et
cause
pour
son
oncle
Samba,
fils
d'une
Wolove
appelée
Yacine,
en
son
absence
l'on
se
partagea
ses
biens
à
Makadényé.
A
son
retour,
aidé par les Banbara, il prit tous ses biens et, quittant Makadényé, revient s'établir à Kanamakhounou.
Aprés
avoir
quitté
Dyadyé,
Demba
rentra
à
Koussané
pour,
peu
après,
gagné
Ouaou,
où
il
triompha
d'une
attaque
des
Bambara;
Mais,
trop
faible
pour
tenir
longtemps,
il
s'enfuit
au
Sahel
d'où
il
vint
à
Gouriki
et
de
là,
après
la
mort
de
l'almanie
d'Abd
Del
Kader
en
1807,
partit
pour
le
Logo.
Il
s'installa
à
Nyimékou
(Djimékon),
sur
la
rive
droite
du
Sénégal,
en
face
de
Sabou-siré.
Attaqué
par
les
Bambara,
il
passa
sur
la
rive
gauche
et
demeura
à
côté
de
Sabou-Siré
en
un
lieu
qui,
depuis,
a
été
appelé
Demba
Sabou-Siré.Il
y
fut
en
butte
à
toutes
sortes
de
tracasserie
et
finit
par
se
réfugier
dans
les
montagnes de Maméri : Les gens du Logo l’y attaquèrent, alors il vint s’établir sur l’emplacement du poste actuel de Médine.
Sa
situation
était
fort
précaire,
car
ses
ennemis
s’efforçaient
de
se
débarrasser
de
lui,
les
Bambara
surtout
le
harcelaient.
Sur
ces
entrefaites
arriva
Duranthon
qui,
appréciant
les
difficultés
qu’Awa
Demba
avait
à
surmonter,
comprit
qu’il
pourrait,
moyennant
quelque
secours,
s’en
faire
un
utile
auxiliaire
pour
l’avenir.
Il
lui
promit
donc
de
revenir
construire
un
fort
qui
le
mettrait
à
l’abri
des
attaques
de
ses
ennemis.
Il
revint,
en
effet,
avec
du
personnel
et
du
matériel
et
aussi
des
munitions
de
guerre
et
des
marchandises
;
il
épousa
Sadyo-ba,
fille
d’Awa
Demba
et
ce
mariage
cimenta
définitivement
son
alliance
avec
le
chef.
La
présence
de
Duranthon
assura
à
Awa
Demba
une
situation
meilleure
;
mais,
au
retour
d’un
voyage
qu’il
avait fait à Saint-Louis (Sénégal), Duranthon(1) mourut et les embarras augmentèrent.
Makhan
Fatou,
le
chef
du
Logo,
considérant
Awa
Demba
comme
un
simple
réfugiés,
le
traita,
lui
et
les
siens,
comme
des
tributaires.
Les
choses
s’envenimèrent
au
point
qu’un
conflit
armé
éclata.
Awa
Demba
vainquit
et
tua
Makhan
Fatou
,
et
c’est
depuis
lors
qu’il
se
considéra
comme
indépendant et chef du territoire qu’il occupait. Il mourut peu de temps après ce triomphe.
(1)
Duranthon,
employé
du
gouvernement
à
Saint-Louis(Sénégal)
fut,
vers
1830,
envoyé
en
mission
dans
le
Haut
Fleuve.
Il
visita
en
détail
le
Khasso
et
acquit
des
notions
assez
précises
sur
les
mines
d’or
du
Bambouc.
Au
moment
où
il
se
trouvait
dans
le
Khasso,
les
Bambara
du
Kaarta
dévastaient
le
pays
d’Awa
Demba
et
y
commettaient
des
exactions
qui
exaspéraient
ce
chef.
Pour
se
concilier
sa
faveur,
Duranthon
lui
promit
en
quittant
le
Khasso
de
revenir
bientôt
avec
des
valeurs
considérables
et
de
construire
à
Médine
un
fort
qui
le
mettrait
à
l’abri
des
vexations
de
ses
ennemis
;
de
son
côté
Awa Demba s’engagea à lui donner sa fille Sadio-ba.
Duranthon
revint
en
effet
avec
des
munitions
de
guerres
et
une
grande
quantité
de
marchandises.
Il
épousa
Sadyo-Ba.
Il
s’occupa
de
construire
le
fort
promis.
Mais
les
Bambara
et
les
Malinké
pensant
qu’Awa
Demba
serait
à
l’abri
lorsque
que
cette
construction
serait
terminée
ne
cessèrent
de
le
harceler.
Duranthon
perdit
par
ce
fait
beaucoup
de
ses
marchandises.
D’autre
part,
l’ingénieur
qu’il
avait
amené
fut
vite
fatigué
et
le
quitta.
Enfin,
des
bruits
mis
en
circulation
à
Saint-Louis
représentèrent
Duranthon
comme
un
traître
au
service
de
l’Angleterre
et
faisant
tous
ses
efforts
pour
diriger
le
commerce
du
Haut
Fleuve
vers
la
Gambie;
on
l’accusait
également
de
nous
créer
des
difficultés
avec
le
Bondou.
Toutefois,
il
se
maintenait
à
Médine,
lorsque
sous
le
poids
d’accusations
mensongères
il
fut
arrêté
en
1837
par
ordre
du
gouvernement
du
Sénégal
et
amené
à
Saint-Louis.
Mais
il
se
justifia
et obtint l’autorisation de revenir dans le Khasso. Il mourut à Médine en 1839.
Cet
homme
intelligent
et
énergique
a
sans
nul
doute
été
mal
apprécié.
Ses
vues
étaient
larges,
il
voulait
que
les
Français
prépondérants
et
fortement
établis
dans
le
Haut
Fleuve
allassent
se
placer
sur
le
parcours
des
caravanes
qui
traversent
le
pays
de
l’Ouest
à
l’Est
;
il
voulait
nous
frayer
une
route
vers
les
mines
d’or
du
Bambouc,
mais,
crime
irrémissible
à
cette
époque,
il
parlait
de
la
liberté
commercial
:
il
eut
dès
alors
à
lutter
contre
une
société
privilégiée
en
possession
depuis
longtemps
d’un
monopole
dont
elle
ne
voulait
se
dessaisir
à
aucun
prix.
Dans
cette
lutte
il
succomba,
il
devait
périr,
en effet, car il était venu avant le temps.
J’ai
emprunter
les
éléments
de
cette
esquisse
à
Raffenel
;
l’on
trouve
bien
d’autres
détails
sur
Duranthon,
sa
femme
et
leurs
enfants,
soit
encore
dans
Raffenel,
soit
dans
Carrère
et
Holle,
Faidherbe
et
Soleitlet.
Rien
à
Médine
ne
rappelle
le
souvenir
de
ce
précurseur
dont
l’œuvre
a
indubitablement
préparé
les
voies
de
notre
établissement
dans
ce
pays.
Il
y
a
là
pour
le
moins
un
oubli
à
réparer
:
le
nom
de
Duranthon
doit
rester
attaché
à
Médine
à
l’égal de ceux des héroïques défenseurs de 1857.
Kinti Sambala (1)
(1)
Kinti
Sambala
et
Dyouka
Sambala
naquirent
le
même
jour
et
cette
coïncidence
faillit
être,
à
la
mort
de
leur
père,
le
prétexte
d’une
guerre
civile.
Voici
ce
que
l’on
à
ce
propos
:
quand
Dyouka,
mère
de
Dyouka
Sambala,
fut
accouchée,
un
griot
fut
aussitôt
envoyé
à
Awa
Demba
pour
lui
annoncer
cet
événement
;
mais
ce
griot
arriva
au
moment
où
Awa
Demba
prenait
son
repas,
il
ne
voulut
pas
le
déranger
et
alla
lui-même
se
restaurer.
Sur
ces
entrefaites,
Kinti
accoucha
de
Kinti
Sambala
:
le
forgeron
chargé
d’en
informer
Awa
Demba
ne
se
laissa
pas
arrêter
par
le
même
scrupule
que
le
griot
fit
incontinent
sa
commission.
A
peine
terminait-il
que
le
griot,
qui
revenait,
dit
au
roi
:
«
J’ai
un
événement
semblable
à
t’annoncer,
Dyouka
est
accouchée
d’un
fils,
un
peu
avant
Kinti,
mais
comme
tu
prenais
ton
repas,
je
n’ai
pas
voulu
te
déranger.
»
«
Tant
pis,
dit
Awa
Demba,
c’est
la
naissance
du fils de Kinti qui m’a été annoncée en premier lieu, c’est ce fils qui est l’aîné et qui devra me succéder. »
Son
fils
aîné
lui
succéda
et
eut
à
faire
face
aux
attaques
du
fils
et
successeur
de
Makhan
Fatou,
Nya
Modi
;
assailli,
d’autre
part,
par
Dyogou
Sambala,
il
dut
céder
à
la
fortune
contraire,
et
s’enfuit
dans
le
Boudou
(Bondou),
où
il
s’établit
à
Kidira.
Les
émigrés
ne
revinrent
peu
à
peu
à
Médine
tandis
que
leur chef restait au Boudou où il mourut(1).
(1)
En
1846,
lorsque
Raffenel
traversa
le
Khasso,
la
partie
de
cet
empire
située
sur
la
rive
droite,
allait
de
Dyakhalel
compris
à
Ségala
exclut,
elle
était
sous l’autorité des Bambara qui occupaient effectivement Kounyakari. Le khasso de la rive gauche avait Médine pour capitale.
Dyouka Sambala.
Succède
à
son
frère.
Il
s’établit
à
Médine
et,
de
là,
avec
l’appui
des
Silatiguiya
marche
sur
Makadényé
et
tue
Dado
Séga.
Puis
il
se
retourne
contre
Dyogou Sambala et neuf mois durant assiège Kanamakhounou, mais une sortie heureuse des assiégés l’oblige à se retirer.
L’arrivée
d’El
Hadj
Omar
à
Farabana
détermina
une
nouvelle
orientation
dans
ces
guerres
intestines.
Dyouka
Sambala
fit
cause
commune
avec
d’El
Hadj
Omar,
tandis
que
les
autres
familles
du
Khasso
s’unirent
aux
Bambara
pour
repousser
l’envahisseur.
Mais
à
peine
Omar
eut-il
battu
les
Bambara
que
l’inverse
se
produisit
:
Dyouka
Sambala
n’ayant
pu
obtenir
satisfaction
en
faveur
des
traitants
pillés
par
les
troupes
des
Toucouleurs,
céda
aux
suggestions
de
ces
traitants
qui
l’engageaient
à
faire
appel
aux
Français
;
les
Silatiguiya,
au
contraire,
faisaient
leur
soumission
à
Omar
et
leur
chef,
Mori-ba, fils et successeur de Saféré convertissait à l’islamisme.
Les
troubles
déterminés
par
les
agissements
d’El
Hadj
Omar,
amenaient,
à
cette
époque,
le
gouverneur
Faidherbe
à
«
créer
un
nouveau
fort
plus
avancé
que
les
autres
à
Médine,
pour
éloigner
notre
frontière
de
Bakel
et
sauver,
si
c’était
possible,
l’important
commerce
de
ce
comptoir
».
Dans
ce
but,
le
gouverneur
se
transporta
à
Médine
en
septembre
1855;
le
détachement
qu’y
avait
laissé
Omar
quitta
les
lieux
tandis
que
Dyouka
Sambala
venais à nous.
Moyennant
5.000
francs
une
fois
payée
et
1.200
francs
de
cadeaux
par
an,
Faidherbe
obtint
«
non
seulement
un
vaste
emplacement
de
quatre
hectares
pour
le
fort,
dans
la
situation
la
plus
favorable,
mais
encore
toute
la
rive
gauche
du
fleuve,
depuis
Médine
jusqu’au
cataractes
du
Félou,
c’est-à-
dire
sur 3 kilomètres de longueur ».
Commencé
le
15
septembre,
la
construction
du
fort
était
terminée
le
5
octobre
1855
et
la
colonne
reprit
le
chemin
du
Sénégal.
Au
préalable,
le
gouverneur
avait
su
influer
sur
les
chefs
du
voisinage
pour
leur
faire
comprendre
combien
leurs
querelles
continuelles
les
mettaient
à
la
merci
du
conquérant
foutanké.
Par
d’habiles
manœuvres,
il
les
amena
à
se
réconcilier
et
à
former
une
sorte
de
confédération
alliée
de
la
France,
ayant
pour
représentant
vis-à-vis
de
nous
Dyouka
Sambala
et
pour
centre
de
résistance
Médine
:
cette
entente
fit
l’objet
du
traité
du
30
septembre
1855,
qui
portent
les
noms
de
Dyogou
Sambala,
chef
de
Khanamoukhounou,
Dalla
Demba,
chef
de
Dinguiray,
Mali
Mahmodou,
chef
de
Khoulou,
Nya
Modi,
chef du Logo, Dyouka Sambala, chef de Médine, Kani Birama, Sambounou, chef du Natyaga…
Pendant
ce
temps,
El
Hadj
Omar
s’installait
à
Nioro
et
en
faisait
son
centre
d’approvisionnement.
Mais
la
construction
du
fort
de
Médine
lui
fit
craindre
d’être
coupé
du
Fouta
sénégalais
;
alors,
il
lui
envoya
une
armée
dans
le
Dyombokho
pour
mettre
les
Guimbaya
à
la
raison
;
lui-même
se
dirigea
sur
le
Logo.
Les
Guimbaya
battus
vinrent
chercher
un
refuge
à
Sabou-siré
(Logo).
Les
gens
du
Tomora,
du
Natyaga
et
même
du
Logo
s’enfuirent
dans
le
Bambouc.
Quant
à
Mori-ba,
fils
de
Saféré,
il
demeura
dans
le
Dyombokho
et,
d’autre
part,
Dalla
Demba
prit
le
parti
d’El
Hadj
Omar.
En
mars
1857,
Katma
sambala(1),
frère
de
Dyouka
Sambala,
embrassa
également
la
cause
d’Omar,
entraînant
avec
lui
Dyodyo
Séga,
fils
de
Kinti
Sambala.
En
août,
le
chef
de
Khoulou
vit
son
village
pillé
et
détruit
;
lui-même,
qui
était
demeuré
fidèle
aux
Français,
fut
mis
à
mort.
Quelques
jours
après,
le
14
avril,
Nya
Modi,
chef
du
Logo,
fut
trahi
par
ses
gens.
d’El
Hadj
Omar
s’empara
du
pays
et
notamment
de
Sabou-siré.
Nya
Modi
se
réfugia
alors à Médine. Ce point devint ainsi le refuge de tous les adversaires d’El Hadj Omar qui se décida dès lors à s’en emparer.
Le
14
avril
1857,
Sabou-siré
fut
pris
et
les
habitants
qui
ne
périrent
pas
furent
dispersés.
El
Hadj
Omar
sachant
qu’en
cette
saison
il
était
impossible
aux
Français
de
venir
jusqu’à
Médine
résolut
de
s’emparer
du
fort.
Ce
fort,
construit
sur
les
ruines
de
celui
de
Duranthon,
était
défendu
par
quelques
soldats
blancs
et
indigènes,
commandés
par
le
sergent
Desplats.
Paul
Holle,
qui
représentait
le
gouvernement
français
dans
le
Khasso,
habitait
également le fort.
(1)
Kourtoum
(ou
Katma)
Sambala
était
le
père
de
Dia-ba,
femme
du
traitant
Moumar
Diak
dont
parle
le
Soleillet;
son
ambition
était
de
revenir
à
Médine,
après
le
triomphe
d’El
Hadj
Omar,
pour
prendre
le
commandement
aux
lieu
et
place
de
son
frère.
Les
événements
n’ayant
pas
permis
la
réalisation de ses desseins, il fonda un village auquel il donna par allusion à son espoir déçu, le nom de Medina-kouta, c’est-à-dire la nouvelle Médine.
Dyouka Sambala occupait non loin de là un Tata uni au fort par un chemin couvert.
La population totale de la ville, y compris les nombreux fuyards des environs, s’élevait à 5.000 ou 6.000 individus.
Le
20
avril
1857,
l’armée
d’El
Hadj
Omar
se
présenta
sur
trois
colonnes
ayant
pour
but
respectif
:
l’une
le
fort,
l’autre
le
chemin
couvert,
l’autre
le
tata.
L’attaque
se
concentra
sur
le
fort
que
les
assaillants
firent
tous
leurs
offerts
pour
emporter.
Repoussés-ils
durent,
rétrograder
jusqu’au
Félou
et
ce
fut pendant quelques jours une guerre d’escarmouches.
Le
11
mai
1857,
les
Toucouleurs
s’installèrent
dans
l’îlot
en
face
du
poste
;
un
canot
monté
par
le
sergent
Desplats
les
en
délogea.
Ces
divers
échecs,
qui avaient causé de grandes pertes aux Toucouleurs, les amenèrent à encercler la ville à distance pour la prendre par la famine.
Connaissant
la
situation
critique
de
la
ville,
Girardot,
qui
commandait
à
Sénoudébou
(Falémé),
réunit
des
volontaires
pour
venir
la
secourir
:
abandonné par eux à hauteur de Dyakan-dapé, il ne put que faire parvenir quelques cartouches aux gens du fort.
Du
11
mai
au
4
juin
1857,
les
Toucouleurs,
poussant
des
embuscades
tout
près
de
la
ville,
empêchèrent
les
habitants
de
sortir
et
les
munitions
devenues rares ne permettaient plus de les repousser.
Le 7 juin 1857, ayant reçu des renforts de Nioro, El Hadj tenta, pendant la nuit, un nouvel assaut contre le tata, il fut repoussé.
La
situation
était
à
peu
près
désespérée
et
Paul
Holle,
d’accord
avec
Desplats,
avait
mis
de
côté
la
poudre
nécessaire
pour,
au
dernier
moment,
faire
sauter
le
fort.
Vers
le
15
juillet
les
assiégeants,
rétrécissant
le
cercle,
se
trouvaient
à
peine
à
cent
mètres
du
fort
et
à
vingt-cinq
mètres
du
tata.
Sans
cesse El Hadj Omar recevait des contingents venus surtout du Bondou.
Heureusement
l’eau
commençait
à
monter
dans
le
fleuve
et
les
secours
tant
attendus
arrivèrent.
Le
17
juillet
1857,
le
gouverneur
Faidherbe
était
avec
500
hommes
à
Soutoukoullé
qu’il
incendia
pour
annoncer
son
approche
aux
défenseurs.
Il
débarqua
son
monde
sur
la
rive
droite
pour
alléger
les
avisos afin de franchir les seuils et vint mouiller à Kényou, d’où il délogea l’ennemi avec des obus.
Pour
franchir
le
difficile
passage
des
Kippes,
Faidherbe
débarqua
une
partie
de
son
monde
sur
la
rive
droite
d’où
l’ennemi
fut
délogé,
ce
qui
permit
à
nos
soldats,
qui
le
remplacèrent,
de
chasser
les
Toucouleurs
de
la
rive
gauche
en
les
attaquant
par
un
tir
plongeant
très
meurtrier.
L’Aviso
le
Bassilic
ayant
réussi
à
franchir
les
Kippes,
tint
les
Toucouleurs
à
distance,
avec
le
tir
à
mitraille
de
ses
canons,
tandis
que
les
troupes
se
rembarquaient
pour
traverser
le
fleuve.
Formée
sur
la
rive
gauche,
la
colonne
française
chassa
devant
elle
les
Toucouleurs
;
les
défenseurs
de
la
place
usant
leurs
dernières
munitions, l’ennemi pris entre deux feux s’enfuit en faisant de grandes pertes. Médine était sauvée.
Le
Lendemain,
Faidherbe
se
portait
en
amont
de
Médine
pour
débarrasser
les
environs
immédiats
de
la
ville
des
ennemis
qui
pouvaient
s’y
trouver
;
il
brûla, à titre d’exemple, le village de Kounda.
Quelque
jours
après,
le
23
juillet
1857,
El
Hadj
Omar,
qui
venait
de
recevoir
de
nouveaux
renfort
essaya
une
nouvelle
attaque
de
la
ville.
Une
rencontre eut lieu sur la route de Goundyourou à Sabou-siré : les Toucouleurs furent complètement défaits.
El
Hadj
Omar
abandonna
alors
le
Khasso.
Rentré
à
Nioro,
il
réorganisa
son
armée
pour
marcher
à
la
conquête
des
pays
riverains
du
Niger.
Nya
Modi
revint à Sabou-siré et en releva les murs.
A
la
suite
de
la
prise
de
Guémou
en
1859,
El
Hadj
Omar
nous
fit
offrir
de
traiter.
Nous
acceptâmes
et,
par
l’acte
du
mois
d’août
1860,
la
frontière
entre
nos
Etats
et
les
siens
devint,
pour
la
région
qui
nous
occupe
ici,
le
Sénégal
depuis
Bafoulabé
:
le
Khasso
de
la
rive
droite
demeurait
ainsi
sous
la
domination des Toucouleurs.
Dès
lors,
Dyouka
Sambala
eut
une
situation
facile,
grâce
à
l’appui
du
Gouvernement
français,
qui
voyait
toujours
en
lui
chef
de
la
confédération
instituée
par
le
pacte
du
30
septembre
1855.
D’autre
part,
allié
au
chef
du
Bondou,
Boubakar
Saada,
auquel
il
avait
donné
sa
fille
Lalia,
il
prit
part
à
plupart
des
expéditions
que
celui-ci
dirigea
plus
particulièrement
vers
les
pays
de
la
Gambie
:
citons
celles
de
1863
et
1865
contre
le
Tenda
et
le
Ouli,
celles
de
1868
contre
Nguiguilone
(Fouta)
et
le
Ghabou.
Cette
alliance
ce
maintint
longtemps
encore,
puisque
c’est
d’un
commun
accord
que
firent
exécutées des razzias dans le Nyani (1872) et sur la Gambie, à Marougou Koto (1875).
Entre
temps,
El
Hadj
Omar
mourait,
en
1864,
et
son
fils
Ahmadou
lui
succédait
avec
résidence
à
Ségou.
Le
pays
de
la
rive
droite
du
Sénégal
en
particulier
le
Khasso
furent,
sous
la
domination
toucouleure,
administrés
d’abord
par
les
fidèles
esclaves
qu’El
Hadj
Omar
avait
proposés
à
cet
office
;
puis,
des
fils
qu’El
Hadj
Omar
tentèrent
de
s’y
rendre
indépendants
et
Ahmadou,
venu
à
Nioro
pour
régler
cette
affaire,
en
repartit,
vers
1874,
en
laissant
des
commandements
à
ses
frères
:
Mountaga
à
Nioro,
Nourou
dans
le
Dyafounou,
Bassirou
dans
le
Dyombokho.
Mori-ba,
non
moins
intrigant
que
son
père
Saféré,
fit
tout
ce
qu’il
put
pour
susciter
des
incidents
à
la
faveur
desquels
il
espérait
soit
se
libérer
du
joub
toucouleur,
soit
tout
au
moins
être reconnu chef du Dyombokho. C’est à peu près ce dernier rôle qu’il joua jusqu’à la fin de sa vie avec des alternatives diverses.
Quant
à
nous,
Français,
lorsque
Faidherbe
dut
quitter
le
Sénégal,
nos
vues
se
portèrent
vers
les
Rivières
du
Sud,
si
bien
que,
jusqu’en
1877
environ,
nous nous désintéressâmes du Haut Fleuve, de sorte qu’en 1878 seule Médine nous demeurait fidèle(1).
(1)
«
Actuellement
(juin
1878),
les
armées
de
Logo
et
du
Khasso
escarmouchent
aux
portes
mêmes
de
Médine.
L’avantage
est
généralement
du
côté
de
Nya
Modi.
Le
gouverneur
du
Sénégal
a
décidé
que
nous
observerions
la
plus
stricte
neutralité
;
M.Wirth,
lieutenant
de
marine,
commandant
de
Médine,
a
été
relevé
de
ses
fonctions
et
envoyé
à
Bakel
avec
un
mois
d’arrêts
de
rigueur
pour
n’avoir
pas
observé
complètement
cette
neutralité.
Les
événements
lui
ont
cependant
donné
raison,
car
plus
tard
nous
sommes
intervenus,
nous
avons
détruit
Sabou-siré,
pris
Nya
Modi
et
nous
avons
laissé
Sambala réduire en captivité tous les habitants du Logo qui n’ont pu prendre la fuite. » (Soleillet.)
A
cette
époque,
l’on
crut
devoir
reprendre
le
plan
d’expansion
préconisé
par
Faidherbe
et
l’autorité
administrative
reçut
l’ordre
de
rappeler
aux
chefs
les
engagements
qu’ils
avaient
pris
le
30
septembre
1855.
Les
chefs
Malinké
déclarèrent
ne
relever
que
d’Ahmadou,
chef
de
Ségou.
Nya
Modi,
qui
s’était
fortifié
à
Sabou-siré,
était
en
guerre
ouverte
avec
Sambala
de
Médine.
Il
fallut
intervenir
par
la
force
pour
rétablir
notre
crédit.
Ce
fut
le
but
de
la
colonne
Raibaud
qui
prit
comme
objectif
Sabou-siré.
Cette
place
fut
enlevée
et
rasée
le
22
septembre
1878,
malgré
les
secours
envoyés
de
Nioro
et
de Kounyakari pour aider à sa défense(1).
Dyouka Sambala mourut en 1880.
(1)
Les
Khassonké
qui
s’étaient
emparé
des
biens
des
gens
du
Logo
négligèrent
complètement
les
champs
qui
produisaient
l’arachide
dont
les
Logonke
tiraient
leur
aisance.
En
1880,
toute
trace
de
culture
avait
disparu,
aussi
le
gouverneur
sollicité
par
Badou,
fils
de
Nya
Modi,
autorisa
les
Malinké à revenir dans leur pays : leur premier soin fut de relever les fortifications de Sabou-siré.
Makhassé Sambala.
Frère
de
Dyouka
Sambala,
lui
succéda
à
Médine,
mais
son
rôle
y
fut
des
plus
effacés,
car
c’était
un
incapable;
aussi
les
gouverneurs
du
Sénégal,
ne
lui
reconnaissant
pas
d’aptitude
pour
le
haut
commandement,
préférèrent
laisser
aux
divers
cantons
leur
indépendance
en
les
assujettissant
seulement
à
obéir aux instructions du commandant supérieur résidant à Kayes.
En
1882,
à
la
suite
de
dissension
survenues
entre
le
chef
de
Médine
et
les
Guimbaya,
ceux-ci
qui,
depuis
1877,
habitaient
le
territoire
de
Médine
(villages
de
Bougourou,
Dyatakolé,
Kolodina,
Kayes,
Allahina
et
Kersignané)
furent
autorisés
à
venir
s’établir
dans
les
environs
du
poste
de
Bafoulabé,
où
ils
ne
relevèrent
que
le
commandant
du
cercle
de
Bafoulabé,
à
qui
ils
payèrent
l’impôt
;
toutefois,
leurs
chefs
conservèrent
les
droits
que
conféraient les coutumes.
En
1876,
un
marabout
de
Médine,
Ahmadou
Fal,
obtint
de
Dyouka
Sambala
une
concession
à
Samé
et
y
fonda
un
village
de
Wolofs,
payant
l’impôt
au
commandant
de
Médine.
Sur
ce
même
territoire
Dyouka
sambala
avait
également
autorisé
l'établissement
de
trois
villages
maures
commandés
par
Ahmet Fal. La discorde s'étant mise parmi les Maures, un grand nombre d'entre eux demandèrent à être placés sous les ordres d'Amar Diko.
En
1888,
pour
faciliter
les
travaux
de
Kayes
le
colonel
Borgnis-Desbordes
réunit
les
quatre
villages,
maures
et
wolof,
en
une
seul
agglomération
sous
le commandement du traitant Ousman Fal. Ahmed Fal quitta alors ce territoire et obtint de remplacer les Guimbaya sur celui qu'ils abandonnaient.
Makhassé Sambala mourrut vers 1890.
Demba yamadou.
Frère
du
précédent,
fut
nommé
chef.
Par
suite
du
rôle
actif
qu'il
joua
dans
la
guerre
que
nous
fîmes
pour
nous
débarrasser
d'Ahmadou,
fils
d'EI
Hadj
Omar, il fut, après la prise de Nioro, installé à Kounyakari et l'autorité supérieure sur les anciens cantons du Khasso fut établie à son profit.
Guissé sidi.
fils de Djouka Sambala et longtemps chef de la ville de Kayes, fut, à la mort de Demba Yamadou, en 1902, appelé au commandement.
Sadyo Sambala.
A
la
mort
de
Guissé
Sidi
en
1905,
le
Khasso
fut
divisé
en
deux
provinces
:
celle
de
Kounyakari
avec
pour
chef
Sadyo
Sambala,
ancien
chef
de
Médine
,
et
celle
du
Khasso
propre
(c'est
-a-
dire
Médine
et
Kayes),
le
Logo,
le
niatiga,
placée
sous
le
commandement
de
Kita
Demba,
frère
de
Sadyo
Sambala.
NOTA
Nous
avons
fixé
les
dates
du
tableau
généalogique
en
tenant
compte
des
indications
qui
suivent.
L’abat
cite
Séga
Doua
assurément
d’après
les
renseignements
rapportés
par
les
commis
envoyés
par
Chambonneau
au
Félou
en
1687.
En
donnant
aux
personnages
indiqués
comme
ayant
commandé
avant
Séga
Doua
une
moyenne
de
dix
à
quinze
ans
de
commandement,
nous
aboutissons
à
l’an
1600,
environ,
comme
date
probable
de
l’arrivée
de
Dyadyé
dans
le
Tomora
:
Soit-exactement
l’époque
(1600),
fixée
par
Rémy
et
quatre
ou
cinq
siècles
avant
celle
(XI
e
ou
XIIe
siècle)
choisie par Delafosse.
Quant
à
Demba
Séga,
nous
savons
pertinemment
qu’il
vivait
en
1796,
puisqu’alors
il
fut
visité
par
Mungo-Park.
L’année
de
sa
mort
est
incertaine,
nous
l’avons
fixée
à
1803,
eu
égard
aux
considérations
dont
suit
l’exposé.
D’après
les
Chroniques
du
Fouta(1)
(p.55
et
suiv.)
Awa
Demba,
chef
du
Khasso
fils
du
successeur
de
Demba
Séga
était
auprès
de
l’imam
Abdoul-Kader
lorsque
celui-ci
fut
sur
le
point
d’être
mis
à
mort
;
or,
d’après
le
tableau
chronologique
dressé
par
Delafosse,
à
la
page
172
du
même
ouvrage,
l’imam
Abdoul-Kader
a
dû
mourir
en
1805
nous
avons
adoptés
pour
point
de
départ
du
règne
d’Awa
Demba
et,
en
tenant
compte
des
durées
données
par
les
traditions,
aux
règnes
de
Moussa
khoy
(
quelques
mois)
et
de
Diba
Sambala
(un
an),
nous
aboutissons
à
1803,
pour
la
fin
du
règne
de
Demba
Séga,
au
lieu
de
1825,
date
choisie
par
Delafosse
(t.II
,
p.
363).
Par
contre
l’année
1840,
adoptée
par
Delafosse
comme
date
de
la
mort
d’Awa
Demba
,
nous
a
paru
acceptable
,
Raffenel
ayant
visité
son
fils
et
successeur
fugitif, à Kidira-Tata (Bondu), le 17 septembre 1843.
En
ce
qui
concerne
Kinti
Sambala,
Rémy
indique
que
sa
mort
survint
avant
la
construction
du
fort
de
Médine
(1855)
;
d’après
Delafosse,
ce
chef
aurait
pris
part
au
siège
de
la
dite
ville
en
1857.
Cette
dernière
opinion
ne
nous
paraît
pas
admissible,
parce
que,
d’après
Sadyo
Sambala,
fils
de
Dyouka
Sambala,
ce
dernier
était
précisément
au
nombre
des
défenseurs
de
Médine
comme
chef
de
la
ville,
son
frère
ainé
Kinti
Sambala
étant
mort
au
Bondou
avant la construction du fort ; d’où la date de 1854 que nous avons adoptée. Les autres dates ne sont pas douteuses.
(1)Chroniques du Fouta traduites de deux manuscrits arabes inédits M.Delafosse, Leroux, Paris, 1913.
Les Khassonkés,
monographie
d'une peuplade
du Soudan français,
par Charles Monteil